Le parti travailliste de Gordon Brown a subi vendredi l'une des défaites les plus cuisantes de ces dernières années en perdant un fief réputé imprenable lors d'une législative partielle en Ecosse, un nouveau coup de massue pour un premier ministre de plus en plus contesté.

«C'est une victoire héroïque dont les secousses vont être ressenties jusqu'à Downing street», résidence officielle du premier ministre à Londres, s'est vanté John Mason, candidat du parti indépendantiste écossais SNP, qui a enlevé la circonscription de Glasgow-est au parti travailliste.

La «victoire du SNP n'est pas simplement un séisme politique, elle va au-delà de l'échelle de Richter», a souligné M. Mason.

Un recompte des voix réclamé par le Labour n'a rien changé à l'issue du vote: l'indépendantiste a obtenu 11 277 votes, devançant de 365 voix la candidate travailliste Margaret Curran. Au dernier scrutin législatif en 2005, le Labour l'avait emporté avec 13.507 voix d'avance.

Le SNP a vu son nombre de suffrages augmenter de 26% par rapport à 2005, dans une circonscription considérée comme la 3e la plus favorable au Labour en Ecosse et la 25e au Royaume-Uni. La participation s'est élevée à 42%, contre 48% en 2005.

En mai 2007, le chef du SNP Alex Salmond est devenu premier ministre de la province après avoir remporté les élections au parlement d'Ecosse.

Vendredi matin, le leader du parti conservateur, principale formation d'opposition britannique arrivée en troisième position jeudi, David Cameron a déclaré à la presse: «C'est évidemment un résultat vraiment épouvantable pour le Labour et Gordon Brown».

«Ce que je me demande c'est si nous pouvons réellement supporter cela pendant encore 18 mois... Je pense que le premier ministre devrait partir en vacances mais ensuite nous devrions avoir une élection», a-t-il ajouté.

Les prochaines législatives doivent se tenir au plus tard en mai 2010.

Mais la perspective d'élections anticipées a été écartée peu après par Gordon Brown, en déplacement à Coventry (centre de l'Angleterre), qui compte «simplement poursuivre son travail».

«Mon unique priorité est de faire traverser ces temps difficiles à la population» britannique, a-t-il ajouté.

Selon des projections réalisées par l'agence britannique Press association, le Labour ne conserverait qu'un parlementaire en Ecosse si le résultat de Glasgow-est, circonscription urbaine frappée par un fort taux de chômage, devait se reproduire lors d'un scrutin national, contre 40 élus en 2005.

Cette défaite fragilise un peu plus la position de Gordon Brown qui continue de battre des records d'impopularité et de susciter une grogne croissante au sein de son propre parti.

Début mai, le Labour avait enregistré lors des élections locales sa pire défaite en 40 ans, perdu peu après la circonscription de Crewe (nord-ouest) au profit des Tories puis avait été relégué en 5e position à Henley (centre).

A court terme, l'onde de choc de ce nouveau revers devrait être limitée: le Parlement est en vacances depuis mercredi et jusqu'au 6 octobre, et M. Brown lui-même prend quelques jours de repos la semaine prochaine.

Reste que M. Brown va devoir faire face fin septembre aux membres du parti lors de la prochaine conférence annuelle du Labour à Manchester (nord-ouest), qui s'annonce houleuse.

Douglas Alexander, l'un de ses plus proches alliés, a lancé un appel à l'unité aux députés qui seraient tentés de se mutiner.

«Nous avons reçu une leçon très sévère, à savoir que les partis divisés perdent», a-t-il relevé, mettant néanmoins le «mauvais résultat» sur le compte de la «frustration» des électeurs face aux difficultés économiques mondiales.