Le candidat démocrate Barack Obama, confronté à l'inquiétude des Américains face à la hausse vertigineuse des prix de l'essence, a affiché samedi une nouvelle souplesse sur la question des forages en mer, se disant «ouvert» à une levée du moratoire.

«Ce que j'ai vu jusqu'ici» dans le projet de loi sur l'énergie discuté au Congrès, «c'est qu'il contient certains des éléments très offensifs que j'ai soulignés dans mon plan pour nous faire avancer vers une authentique indépendance énergétique», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Cap Canaveral, en Floride.

«Je reste sceptique sur certaines dispositions concernant les forages mais je fais confiance» aux élus des deux partis, a-t-il déclaré, sur la manière «prudente et responsable» d'introduire ces dispositions.

«Ce n'est pas une nouvelle position», a-t-il poursuivi. «Ce que je ne ferai pas -- et c'est ma position -- c'est de soutenir un plan qui suggèrerait que le forage est la réponse à nos problèmes énergétiques», a-t-il ajouté.

«Le mieux est l'ennemi du bien, et si nous pouvons nous en sortir avec un compromis des deux partis, dans lequel je dois accepter des choses que je n'aime pas (...) et que les changements sont en fait pour nous faire avancer vers une indépendance énergétique, alors j'y suis ouvert».

«Si nous avons sur la table un plan qui, je pense, correspond aux objectifs que les Etats-Unis doivent poursuivre, (...) bien-sûr c'est quelque chose que j'envisagerais, car c'est ainsi que l'on gouverne dans une démocratie», a-t-il encore déclaré.

Le sénateur de l'Illinois avait jusqu'ici estimé que la levée du moratoire sur les forages en mer, un des chevaux de bataille de son adversaire républicain John McCain, ne résoudrait pas la crise de l'énergie.

Les forages pétroliers en mer le long des côtes américaines «ne feront pas baisser le prix de l'essence aujourd'hui. Ils ne feront pas baisser le prix de l'essence durant le mandat de la prochaine administration. En fait, pas une goutte de pétrole ne proviendra de ces forages avant au moins dix ans», a-t-il dit jeudi au cours d'une réunion électorale dans l'Iowa (centre).

Les prix de l'essence et de l'énergie sont un thème majeur de la campagne présidentielle en cours. Les sondages montrent que les Américains sont majoritairement favorables à une augmentation des forages aux Etats-Unis et au large de leurs côtes.

John McCain, républicain comme le président Bush et candidat à sa succession, s'est prononcé pour la reprise de l'exploitation en mer.

Il a réaffirmé vendredi lors d'une conférence de presse en Floride: «Nous avons besoin des forages pétroliers et nous en avons besoin maintenant. Nous en avons besoin en mer».

La veille dans le Colorado (ouest), le sénateur de l'Arizona avait estimé: «nous devons commencer les forages, y compris en mer, pour (avoir) plus d'essence dans le pays».

Un moratoire instauré en 1981 interdit l'exploration et les forages sur virtuellement toutes les côtes Atlantique et Pacifique et une partie du Golfe du Mexique.

Les républicains ont introduit une proposition de loi pour la reprise de l'exploitation offshore, désormais pendante au Congrès.

M. Bush presse ses adversaires démocrates de permettre un vote sur la levée de l'interdiction des forages en mer. Mais les démocrates, majoritaires dans les deux chambres du Congrès, s'y refusent.

Les élus sont partis en vacances parlementaires vendredi et ne doivent revenir en session que le 8 septembre.