L'avenir politique du premier ministre israélien semblait compromis dimanche, après les révélations sur son implication présumée dans une affaire d'escroquerie aux billets d'avions baptisée «Olmert-tours» par les médias.

Les deux principaux quotidiens israéliens, Yédiot Aharonot et Maariv, ont publié ce titre en Une avec des photos de M. Olmert, souriant sur une passerelle d'avion.

Selon un communiqué conjoint publié vendredi par la police et le ministère de la Justice, il est soupçonné d'avoir financé - alors qu'il était maire de Jérusalem (1993-2003), puis ministre du Commerce et de l'Industrie (2003-2006) - ses voyages à l'étranger privés et familiaux en présentant séparément des factures à diverses organisations de bienfaisance pour un seul et même voyage.

Ces soupçons portent sur au moins douze vols et auraient rapporté à M. Olmert quelque 110 000 dollars, a précisé la radio publique israélienne.

Les organisations abusées se vouent notamment au souvenir de la Shoah, aux enfants handicapés, au bien-être des soldats ou encore aux étudiants aveugles.

Selon les experts juridiques, M. Olmert pourrait être poursuivi notamment pour utilisation abusive de fonds publics, prévarication ou évasion fiscale, et risquerait jusqu'à huit ans de prison.

«Il a dépassé les bornes», «points noirs», «menteur à répétition», «au-delà de cette limite, le ticket n'est plus valable», «fin du voyage», «aller simple, sans retour» : quotidiens et radios rivalisaient pour exprimer leur indignation ou le tourner en dérision.

«Ehud Olmert est fini. Les hommes politiques, les dirigeants qu'il va rencontrer à Paris, le Parquet, les policiers, tous le savent. Le seul à vouloir l'ignorer, c'est Olmert», commentait Nahoum Barnéa, l'éditorialiste vedette du Yédiot.

M. Olmert a fait savoir par ses proches qu'il avait en fait uniquement transféré à sa famille ses points de voyageur fréquent en avion.

Les quatre enfants d'Olmert ont pris leurs distances avec la nouvelle affaire en transmettant aux médias israéliens un communiqué dans lequel ils disent ne rien savoir des nouvelles accusations.

«Nous tenons à clarifier de façon univoque que l'on nous a dit que les billets d'avion qui nous étaient donnés étaient un cadeau de notre père et que c'était lui qui les finançait», ont-ils déclaré dans un communiqué.

Juste avant son départ pour Paris samedi soir, M. Olmert a dénoncé l'attitude de la police dans son enquête sur cette affaire.

«Les fuites ont dépassé toutes les normes de ce qui est autorisé dans un régime démocratique», a-t-il déclaré en ajoutant qu'il est «écoeurant que cette affaire soit exploitée pour mettre en cause ma famille».

Son conseiller de presse, Amir Dan, a de son côté déclaré dimanche aux journalistes que «le Parquet et la police tentent de renverser un premier ministre en titre».

Ce dernier a déjà été impliqué dans six affaires de corruption, et la presse le qualifie souvent de «suspect en série».

Avant le scandale d'escroquerie aux billets d'avions, dans la dernière affaire en date l'impliquant, il était soupçonné de «fraude», «abus de confiance» et irrégularités dans le financement de campagnes électorales.

Durant sa déposition en mai au tribunal de district de Jérusalem, un homme d'affaires américain, Morris Talansky, a affirmé avoir remis en quinze ans plus de 100 000 dollars en liquide dans des enveloppes à M. Olmert.

Le contre-interrogatoire de M. Talansky doit commencer jeudi.

Les scandales impliquant M. Olmert ont terni son image, et son parti centriste Kadima a été contraint de tenir à la mi-septembre des élections primaires en vue de son éventuel remplacement à sa direction.