L'Iran a menacé mardi de «mettre le feu» à Tel-Aviv et à la flotte militaire américaine dans le Golfe en cas d'attaque contre ses installations nucléaires, quelques jours après le rappel par Washington que l'option militaire restait sur la table.

«Le régime sioniste fait actuellement pression sur les dirigeants de la Maison-Blanche pour préparer une attaque contre l'Iran. S'ils commettent une telle stupidité, la première réponse de l'Iran sera de mettre le feu à Tel-Aviv et à la flotte américaine dans le Golfe Persique», a averti l'hodjatolislam Ali Shirazi, représentant du guide suprême Ali Khamenei au sein des forces navales des Gardiens de la révolution, cité par l'agence Fars.

Les États-Unis, comme Israël, n'ont pas exclu récemment un recours à la force contre l'Iran pour stopper son programme nucléaire, dont les Occidentaux craignent qu'il ne cache un volet militaire sous couvert de production d'électricité.

La déclaration du responsable iranien intervient alors que les Gardiens de la révolution, unités d'élite du régime islamique, effectuent des manoeuvres dans le Golfe pour améliorer les «capacités de combat des unités balistiques et navales», selon les médias.

Les Gardiens de la révolution islamique ont leurs propres forces terrestres, navales et aériennes, et disposent de nombreux missiles, notamment les Shahab-3 capables d'atteindre le territoire israélien et les bases militaires américaines dans la région.

Samedi, leur chef, le général Mohammad Ali Jafari avait déjà menacé «les ennemis» de l'Iran de «frappes fatales» dans le Golfe en cas d'attaque.

Le même jour, le chef d'état-major de l'armée iranienne avait averti que Téhéran pourrait fermer le détroit stratégique d'Ormuz, par où transite environ 40% du pétrole mondial, si les intérêts de l'Iran étaient en jeu.

Par ailleurs, un responsable iranien a déclaré mardi que l'Occident «perdait son temps» en demandant la suspension de l'enrichissement d'uranium.

«La question de la suspension de l'enrichissement d'uranium appartient à l'Histoire et l'Occident, en insistant sur cette demande illégale et illogique, ne fait que perdre son temps», a déclaré l'ambassadeur d'Iran à Londres, Rassoul Movahedian, à l'agence officielle Irna.

L'Iran a remis vendredi à Javier Solana, chef de la diplomatie de l'Union européenne, une réponse --dont les termes exacts n'ont pas été rendus publics-- à un ensemble de propositions destinées à l'inciter à suspendre ses activités nucléaires les plus sensibles, dont l'enrichissement d'uranium.

Ces propositions ont reçu l'aval du groupe des six puissances engagées dans la recherche d'un accord avec l'Iran (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne).

Mais la réponse iranienne ne fait «pas mention de la suspension des activités sensibles», un «élément majeur» réclamé par les Six, a déclaré mardi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Eric Chevallier.

M. Solana avait qualifié lundi de «difficile» et «compliquée» la réponse de Téhéran à cette nouvelle offre, alors que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad réaffirmait la volonté de l'Iran de ne rien céder sur ses «droits» en matière nucléaire.

Depuis le sommet du G8 au Japon, le président français Nicolas Sarkozy a déclaré mardi que M. Solana allait se rendre en Iran pour évaluer cette nouvelle réponse.

La porte-parole de M. Solana, Cristina Gallach, a précisé qu'une éventuelle réunion dans les prochaines semaines avec le négociateur iranien Saïd Jalili était en préparation, mais que ni la date ni l'endroit n'avaient été fixés.

Interrogé sur des informations de presse selon lesquelles l'Iran pourrait suspendre l'enrichissement, M. Movahedian a déclaré que «ces informations ne viennent pas de sources iraniennes».

«D'une manière générale, une telle idée n'a pas été avancée par la République islamique», a-t-il ajouté.