Si l'objectif du caricaturiste est de faire rire ou de choquer le plus grand nombre de personnes, Barry Blitt a frappé dans le mille avec sa caricature sur les Obama publiée cette semaine en couverture de l'hebdomadaire The New Yorker.

On y voit Barack Obama, portant turban, tunique et sandales, échanger avec sa femme un fist bump, un geste inventé par les Noirs du ghetto. AK-47 en bandoulière, chevelure afro et pantalon militaire, Michelle Obama est dessinée en militante radicale des années 60. Le couple se trouve dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche. Le drapeau américain brûle dans le foyer. Un portrait d'Oussama ben Laden orne un mur.

«De mauvais goût et offensante», a protesté le porte-parole de Barack Obama dimanche soir en faisant allusion à la couverture du New Yorker, dont la reproduction numérique se répandait sur l'internet comme une traînée de poudre.

Le candidat démocrate n'a pas lui-même commenté la caricature, dont toutes les chaînes de télévision ont parlé hier matin. Mais John McCain l'a dénoncée pour lui.

«Je pense que ce dessin est complètement déplacé et franchement je comprends si le sénateur Obama et ses partisans le trouvent offensant», a déclaré le candidat républicain lors d'une conférence de presse à Phoenix.

Dès dimanche soir, le New Yorker et son caricaturiste ont défendu le dessin intitulé La politique de la peur. Ils ont fait valoir que le dessin «satirisait» la «campagne de peur et de désinformation menée contre» le candidat démocrate.

Selon l'éditeur de l'hebdomadaire, David Remnick, le dessin de Barry Blitt «contient un nombre d'images qui ont été propagées, pas par toute la droite mais une partie, sur le soi-disant manque de patriotisme d'Obama, sur sa mollesse prétendue face au patriotisme, et sur l'idée idiote que Michelle Obama est une radicale dans la lignée des Weathermen et des plus violents Black Panthers».

Le camp Obama, dont la réaction a été aussi forte que prompte, a souhaité, hier matin, que cette controverse soit oubliée le plus rapidement possible.

«Nous faisons face à plusieurs problèmes dans le monde, a déclaré David Axelroad, stratège principal de Barack Obama, sur la chaîne MSNBC. Avons-nous aimé la caricature? Non. Est-ce qu'elle monopolise notre attention? Non.»

Provoquer

Bruce Evensen, professeur de communication à l'Université DePaul, ne reproche pas au New Yorker d'avoir publié la caricature controversée dans un numéro contenant un long reportage sur les années de Barack Obama à Chicago.

«C'est une forme typique de satire, a dit l'universitaire de Chicago au cours d'un entretien téléphonique. Leur intention est de provoquer. Leur intention est de susciter des commentaires. Leur intention est d'attirer l'attention des lecteurs sur la controverse que suscite l'identité d'Obama.»

Dans le même temps, le professeur Evensen comprend «l'hypersensibilité» du camp Obama.

«S'il n'avait pas dénoncé la caricature, l'histoire aurait pu s'étirer deux, trois, quatre jours. Les gens auraient demandé : «Mais pourquoi ne parle-t-il pas?»