Le procès de Salim Hamdan, ancien chauffeur d'Oussama ben Laden, devant un tribunal militaire d'exception à Guantanamo, a été consacré mardi à l'examen des «preuves» que l'accusation a retenu contre lui et que la défense conteste dans leur très grande majorité.

Enfermé depuis plus de six ans dans le centre de détention de Guantanamo, M. Hamdan, Yéménite âgé d'une quarantaine d'années, est assis derrière une table, au milieu de ses avocats, complètement libre. Coiffé d'un turban blanc qui couvre ses cheveux longs, il porte une chemise blanche et une veste beige.

Lundi, le capitaine Keith J. Allred qui préside le tribunal, avait estimé que les procureurs ne pouvaient utiliser les propos tenus par l'accusé après sa capture fin 2001 parce qu'ils avaient été obtenus «sous une forte contrainte».

Mardi, le tribunal a entendu plusieurs témoignages de militaires américains présents sur le terrain lors de l'arrestation de Salim Hamdan.

L'accusé, qui entend dans un casque la traduction des débats qui se tiennent entièrement en anglais, se tourne régulièrement vers ses avocats, à mesure que ces témoignages décrivent son arrestation et la manière dont se sont déroulés ses premiers interrogatoires.

Un premier témoin, dont l'identité est protégée, a raconté dans la matinée qu'arrivé juste après l'arrestation, il avait constaté que «plusieurs missiles se trouvaient dans un véhicule», a rapporté à la presse le major Gail Crawford, porte-parole des tribunaux militaires d'exception. Il n'a pas pu en revanche certifier que ce véhicule appartenait à M. Hamdan.

En début d'après-midi, un autre militaire américain présent sur le terrain au moment de l'arrestation et dont l'identité a également été cachée, a été beaucoup plus affirmatif sur le fait que les «deux missiles» sol-air avaient été retrouvés dans la voiture de l'accusé, ce que, selon lui, M. Hamdan lui a confirmé «lors d'un interrogatoire».

Poursuivi pour «complot» et pour «soutien matériel au terrorisme», Salim Hamdan encourt la prison à vie à l'issue d'un procès qui devrait durer au moins deux semaines, devant un tribunal composé de six juges militaires.

Ce deuxième témoin a également assuré que M. Hamdan n'avait subi aucune violence pendant les interrogatoires, ni de la part de ses gardiens.

Il a nié catégoriquement qu'il ait été d'une aide quelconque dans la traque du chef d'Al-Qaïda menée par les forces américaines fin 2001. Lors d'audiences préliminaires, un agent du FBI avait assuré, à l'inverse, que M. Hamdan avait été très prolixe et très précis dans ces indications.

Parallèlement à l'audience, une partie des avocats de la défense s'est attelée mardi à l'examen de quelque 600 pages de «preuves» récemment déclassifiées et qu'elle vient de découvrir.

Lundi, contrairement à leur demande expresse, le président du tribunal avait refusé de retoquer les déclarations effectuées par Salim Hamdan sur la base militaire américaine à Cuba.

Cette décision pourrait augurer de difficultés lors des futurs procès des autres détenus de Guantanamo, dont certains, comme Khaled Cheikh Mohammed, le «cerveau» présumé des attentats du 11-Septembre, ont été exposés à des «contraintes» autrement plus sévères, comme la simulation de noyade.

«Dans tout procès, il y a des motions visant à exclure certaines preuves, et cela arrive tout le temps», a estimé un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, en commentant cette décision.

Salim Hamdan a plaidé non coupable à l'ouverture de son procès, le premier d'un détenu de Guantanamo, alors que environ 260 hommes y sont actuellement enfermés et seulement une vingtaine inculpés.