Le régime cubain a annoncé qu'il allait lever l'interdiction, en vigueur depuis neuf ans, des taxis privés, décision qui devrait avoir pour conséquence de légaliser les milliers de taxis «sauvages» qui assurent la plus grande partie des transports dans l'île, souvent à bord d'antiques voitures américaines.

Avec cette décision, annoncée devant une commission parlementaire par le ministre des Transports Jorge Luis Sierra, le président Raul Castro, se démarque une nouvelle fois de la ligne de son frère Fidel, qui s'en prenait régulièrement aux taxis privés, même quand ils étaient encore légaux, et accusant les taxis illégaux de trafiquer du carburant volé.

Radio Rebelde, qui annonçait la nouvelle, n'a pas précisé combien de licences seraient délivrées, ni quand exactement.

Pour l'économiste dissident Oscar Espinosa Chepe, cette initiative est une décision pragmatique, «une chose logique et intelligente», qui vise à entériner le fait que le nombre des taxis illégaux dépasse largement celui des taxis officiels dans les grandes villes de l'île, palliant tant bien que mal les déficiences des transports publics.

Aujourd'hui, des milliers de propriétaires de voitures faisant le taxi risquent des amendes, la confiscation de leur véhicule, voire l'arrestation. Du fait du contrôle étroit sur la vente de voitures neuves, une grande partie de ces taxis, soigneusement préservés et réparés avec les moyens du bord, datent d'avant la révolution de 1959, d'où la réputation de l'île castriste auprès des touristes comme musée vivant de l'automobile de l'âge d'or américain.

Selon Radio Rebelde, les taxis de cette nouvelle catégorie recevront un salaire de l'État et de l'essence gratuite, et se verront mobilisés sur des itinéraires définis avec un tarif fixe.