Ayant entendu hier Radovan Karadzic, le juge d'instruction du Tribunal serbe pour les crimes guerre a trois jours pour décider de son transfert au Tribunal pénal international de La Haye pour l'ex- Yougoslavie (TPIY).

Karadzic aura ensuite trois jours pour faire appel, et les juges auront trois jours supplémentaires pour étudier l'appel. L'inculpé n'aura ensuite aucun recours.

Me Svetozar Vujacic, son avocat, a annoncé qu'il en appellerait de la décision du juge. Mais il s'est déclaré pessimiste. Karadzic est inculpé sous 15 chefs d'accusation par le TPIY, dont génocide, crime contre l'humanité et crime de guerre, pour son rôle dans la guerre de Bosnie. Il risque la prison à vie s'il est reconnu coupable.

Les partisans du TPIY estiment que son arrestation rehausse le crédit du TPIY qui, en 13 ans, n'a condamné que six des 19 inculpés du massacre de Srebrenica.

Naser Oric, ancien commandant musulman de Srebrenica innocenté par le TPIY, doute, lui, des vertus de la justice internationale.

«Les punitions des juges ne changent rien dans la tête des accusés», a-t-il dit au Monde. «Ils ne pleurent pas sur leur culpabilité mais sur la lourdeur de la sentence. Leur haine augmentera avec les générations à venir», a-t-il ajouté.

Selon des experts, le TPIY a tiré les leçons des manoeuvres dilatoires utilisées par l'ex-président yougoslave Slobodan Milosevic, qui a étiré les procédures jusqu'à sa mort en détention en mars 2006.

Mais Karadzic peut lui aussi faire durer les choses. Son procès ne débutera pas avant plusieurs mois. Les experts estiment que le tribunal évitera de regrouper les inculpations en un seul procès et voudra le juger, dans un premier temps, sous une seule charge.

Avec Milosevic, soulignent-ils, ils avaient regroupé trois inculpations distinctes, totalisant 66 chefs d'accusation, en un procès unique.

L'affaire avait nécessité une volumineuse documentation et d'interminables témoignages, et Milosevic est décédé avant la fin du procès.