Deux des pirates qui ont détourné mardi un Boeing 737 dans le sud du Darfour au Soudan et l'ont fait atterrir mercredi à Koufra, en Libye, se sont rendus, selon le directeur exécutif de la compagnie privée Sun Air exploitant l'avion.

Les autorités libyennes n'ont pas confirmé la fin de la prise d'otages. Un responsable de l'aviation civile ayant vue sur l'avion a nié que les preneurs d'otages se soient rendus mais n'a pas fourni plus de précisions.

Le directeur exécutif de Sun Air, Murtada Hassan, a dit tenir son information des autorités présentes sur l'aéroport de Koufra. Il n'y avait d'après lui que deux preneurs d'otages, mais il n'a pas exclu la possibilité que d'autres se soient mêlés aux 87 passagers libérés plus tôt dans la journée.

Le directeur exécutif de Sun Air a par ailleurs contredit la version libyenne de rebelles du Darfour, assurant de son côté que les preneurs d'otages ont agi pour des raisons personnelles sans rapport avec une quelconque organisation politique ou rebelle. Il a invoqué la sécurité pour refuser de préciser quelles seraient ces «raisons personnelles».

La prise d'otages a commencé mardi peu après le décollage du Boeing 737 de la ville de Nyala, au Darfour, avec à bord 87 passagers et huit membres d'équipage, selon l'agence officielle libyenne JANA.

Nyala se trouve près du camp de réfugiés de Kalma dans lequel une attaque de l'armée soudanaise lundi a fait au moins 33 morts, selon l'ONU. L'Egypte ayant refusé d'accueillir l'avion, ce dernier s'est finalement posé sur l'aéroport de l'oasis Koufra, dans le désert du Sahara, à 1.600km de Tripoli.

Selon l'agence de presse JANA citant le directeur de l'aéroport Khaled Sasiya, les pirates ont dit appartenir au Mouvement de libération du Soudan dirigé par Abdul Wahid-Nour, exilé en France. Ils voulaient des cartes et du carburant pour se poser à Paris. Le ministère soudanais des Affaires étrangères a exigé leur extradition.

Abdul Wahid-Nour a pour sa part démenti «catégoriquement» dans une interview à la chaîne panarabe Al-Jazira toute implication de son mouvement dans ce détournement. «Nous condamnons tout acte qui puisse nuire à tout civil soudanais», a-t-il dit.

La guerre au Darfour a fait plus de 200 000 morts et 2,5 millions de réfugiés depuis la rébellion armée début 2003 de groupes de la majorité ethnique noire de la région contre le gouvernement soudanais à majorité arabe, accusé de discrimination. Khartoum se défend d'avoir armé les milices arabes des Janjawid et d'être responsable des atrocités commises contre les civils.

L'attaque de lundi contre le camp de réfugiés de Kalma est la plus meurtrière depuis plusieurs mois. Un porte-parole de la force de maintien de paix conjointe de l'Union africaine et de l'ONU a fait état d'au moins 33 morts, mais des responsables onusiens envisageaient un bilan plus lourd, et le porte-parole d'un des groupes rebelles au Darfour, le Mouvement de la Justice et de l'Egalité (MJE) a affirmé que 70 personnes avaient été tuées. Il a accusé le gouvernement soudanais d'avoir organisé le piratage de l'avion pour «détourner l'attention».