Le festival Fantasia reçoit aujourd'hui de la visite coup-de-poing. L'acteur Gordon Liu foule le sol montréalais pour la première fois afin de présenter la réédition de Disciple of the 36th Chamber, un classique du cinéma de kung-fu hongkongais.

À 52 ans, le spécialiste des arts martiaux ressemble toujours au moine bouddhiste qu'il interprétait en 1985 dans le film réalisé par son frère adoptif, Lau Kar Leung. La Presse a rencontré cet homme au regard souriant et au crâne rasé, qu'on appelle aussi Master Killer.

Gordon Liu a été initié au kung-fu à l'âge de 12 ans. Disciple of the 36th Chamber est le dernier volet d'une trilogie qui a marqué sa vie professionnelle. «J'étais une star pour la première fois dans un film, dit-il. C'était aussi ma dernière collaboration avec la célèbre compagnie de production des frères Shaw.»

M. Liu incarne San Te, un moine bouddhiste du temple Shaolin. L'histoire, basée sur des événements et des personnages véridiques, se déroule à l'époque de la dynastie mandchoue en Chine. Les chorégraphies de combats sont imposantes et teintées d'humour.

«Beaucoup d'Occidentaux me demandent si le kung-fu est fait pour tuer, affirme-t-il. Il y a des couteaux et des fusils pour ça. Mon art sert à se défendre et à aider les autres. L'humour est comme un dessert pour mieux faire passer le sérieux des films.»

L'idole de Tarantino

Master Killer a participé à des dizaines de films de kung-fu hongkongais. Il est devenu une icône du genre. Le maître a récemment intégré Hollywood grâce à sa participation à Kill Bill. Le réalisateur Quentin Tarantino avait découvert Gordon Liu, alors qu'adolescent, il travaillait dans un club vidéo.

L'entrevue avec M. Liu s'est faite avec l'aide d'un interprète puisque M. Liu ne parle que mandarin. «Quand j'ai reçu le scénario de Kill Bill, je ne comprenais vraiment pas pourquoi mon personnage n'avait pas de dialogues, rigole M. Liu. Tarantino aurait facilement pu demander à Jet Li ou Jackie Chan, qui sont plus jeunes que moi. Mais il aimait mon style authentique de combat.»

Avant de le rencontrer une première fois à Shanghai, Gordon Liu avait des préjugés envers le réalisateur américain de Pulp Fiction. «Ils sont rapidement tombés. Quentin portait un habit traditionnel chinois. J'ai été impressionné par le respect qu'il avait pour moi et mes films.»

Le quinquagénaire affirme être toujours aussi en forme qu'à l'époque du tournage de Disciples of the 36th Chamber. «Dans Kill Bill, je fais toutes mes cascades. Le corps humain est comme une voiture. Il faut toujours l'utiliser, sinon, il se met à rouiller. Je m'entraînerai jusqu'à ce que j'entende le ding dong qui m'emmènera au paradis.»

Malgré sa renommée pour les arts martiaux, il aimerait sortir de Hong Kong plus souvent. Il a récemment participé au tournage d'un film de style Bollywood en Inde et en Thaïlande. La légende du kung-fu aimerait aussi répéter l'expérience avec Tarantino. Il croit néanmoins que les différences culturelles entre l'Amérique et l'Asie sont frappantes.

«À Hong-Kong, quand on commence un tournage, on ne sait pas quand il va se terminer. En Occident, l'horaire est très strict. Après 12 heures de travail, c'est terminé et la moitié de ce temps est consacré à manger!»