Cent dix-huit films, fictions ou documentaires, venus de 21 pays, figurent au programme du festival de cinéma de Sundance, «Mecque» du cinéma indépendant qui ouvre pour dix jours jeudi à Park City.

Au total, 87 oeuvres seront présentées en première mondiale, selon les organisateurs de cette 25e édition, fondée par Robert Redford, qui ont effectué un tri dans 3661 oeuvres pour parvenir à leur sélection.

Soixante-quatre films ont été retenus en compétition, soit 16 par catégorie: fiction américaine, documentaire américain, fiction internationale, documentaire international.

Dans cette dernière catégorie, on trouvera des oeuvres à fort contenu politique, comme un film italien consacré à Anna Politkovskaïa, journaliste et opposante russe assassinée, une oeuvre danoise sur la répression politique en Birmanie, et une autre, franco-américaine, sur des paroles de Nord-Coréens échappés de leur pays.

D'autres oeuvres retenues mettent en scène par exemple l'épouse du Shah d'Iran, exilée par la révolution islamique et rencontrée par une ancienne révolutionnaire ayant elle aussi fui son pays, la lutte contre les «crimes d'honneur» au Kurdistan et la résistance de Tibétains face à l'occupation chinoise.

Même éclectisme dans la sélection des documentaires américains, où il sera question de rock dans le très attendu When You're Strange», ou le groupe The Doors vu sous l'angle exclusif d'archives d'époque, de protection de la faune marine dans The Cove, filmé au Japon et de déforestation amazonienne dans Crude.

Sur un mode plus léger, les festivaliers découvriront aussi Good Hair, la culture capillaire des Noirs américains vue par le comédien Chris Rock et The September Issue, qui suit la rédactrice en chef du magazine Vogue, la redoutée Anna Wintour, dans l'élaboration de son numéro de rentrée.

Le réalisateur a obtenu la permission exceptionnelle de suivre Mme Wintour pendant neuf mois.

Sergio, pour sa part, retrace la vie de l'ancien haut responsable des Nations Unies Sergio Vieira de Mello, brillant diplomate brésilien tué dans un attentat au camion piégé contre un bâtiment de l'ONU à Bagdad en 2003.

«Les films de cette année ne répondent pas à une définition étroite. Au lieu de cela, nous avons un mélange des genres, un effacement des frontières géographiques, des générations, socio-économiques, etc.», a déclaré le directeur du festival, Geoffrey Gilmore.

En pleine récession économique aux États-Unis et dans nombre de pays développés, un film français a de bonnes chances d'être remarqué: Louise Michel, signé Benoît Delépine et Gustave de Kervern, met en scène des salariés licenciés qui décident d'engager un tueur à gages pour se venger des dirigeants de leur ancienne entreprise.

Nombre de studios ont revu à la baisse l'étendue de leurs manifestations en marge de Sundance, et les difficultés économiques pourraient conduire à une baisse de la fréquentation, ce qui n'est pas un problème pour Robert Redford, cité récemment par le journal local Salt Lake Tribune.

«Cela ne me dérangera pas s'il y a moins de monde. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir quels films sont projetés, et ce qu'ils représentent», a-t-il dit.

Le festival est devenu un endroit prisé des producteurs et grands studios hollywoodiens qui viennent y faire leur marché. Des films comme Little Miss Sunshine et Hamlet 2 ont ainsi bénéficié du tremplin de Sundance ces dernières années.