La ville de Los Angeles a adopté mardi un texte imposant le port obligatoire du préservatif sur les tournages de films pornographiques, devenant la première ville américaine à légiférer sur le sujet.

Le texte a été voté par 11 voix contre une, et doit faire l'objet dans les prochains jours d'un second vote à la majorité simple - qui semble acquis - pour être définitivement adopté.

La ville a ainsi pris les devants, après que l'association AIDS Healthcare Foundation (AHF) eut annoncé en fin d'année dernière avoir réuni les signatures nécessaires pour soumettre à référendum, en juin prochain, un texte imposant le port du préservatif dans l'industrie pornographique.

L'organisation d'un tel referendum aurait coûté à ses organisateurs quelque 4 millions de dollars.

L'ordonnance votée mardi assortit toute délivrance de permis de tournage de film porno à Los Angeles d'une obligation de fournir et utiliser des préservatifs pendant les prises.

L'industrie pornographique, concentrée dans la Vallée de San Fernando, au nord d'Hollywood, est régulièrement accusée de rechigner à imposer le préservatif à ses acteurs.

En 2004, 2010 et 2011, les tournages avaient dû être suspendus plusieurs semaines après que des acteurs eurent découvert qu'ils étaient séropositifs.

La loi californienne se contente aujourd'hui d'exiger «une protection» contre les maladies sexuellement transmissibles sur les plateaux.

Michael Weinstein, président de l'AHF, a qualifié le vote de grand pas en avant pour réguler une «machine de promotion du sexe non protégé».

Mais Nina Hartley, infirmière et ancienne actrice porno, s'est élevée contre le texte, le qualifiant de «désastre pour la santé et la sécurité».

Selon elle, les scènes de sexe dans les films pornos durent entre 30 et 60 minutes et porter un préservatif aussi longtemps provoque des frictions et des plaies ouvertes, donc de plus grands risques de contamination.

D'autres opposants affirment que le nouveau texte va entraîner la multiplication des tournages clandestins.

M. Weinstein ne partage pas cet avis. «On ne va pas arrêter de réguler les restaurants parce que quelqu'un a une carriole illégale de hot-dogs», a-t-il déclaré.

Selon le bureau des tournages de Los Angeles, Film LA, environ 5% des 45 500 jours de tournages autorisés chaque année dans la ville concernent des films pornographiques.