Les vallons d'Arundel sont sur leur 31. Ces derniers servent de décor à la nouvelle aventure cinématographique du Français Philippe Muyl, à laquelle participe, notamment, Benoît Brière.

On quitte la 117 pour rouler vers le sud, sur la route 327. Le décor est magnifique. Les collines, les quelques fermes qui se perdent dans leurs vallons et, surtout, ces nuages qui chatouillent leurs cimes au petit matin Nos yeux ont peine à y croire. On est dans un décor magique, là où s'est installée l'équipe du nouveau film de Philippe Muyl.

Depuis le 20 août, le tournage de Magique bat son plein. L'équipe de cette coproduction Canada-France a planté son cirque sur une ferme à Arundel. Cirque, le mot est bien choisi. Magique, qui met en vedette Benoît Brière, Marcel Sabourin, Stéphane Breton, le chanteur français Cali et Antoine Dulery notamment, suit des bohèmes qui trimballent chapiteau, roulottes et joyeux numéros de villes en villages.

On ne se lasse pas de regarder le paysage: la rivière Rouge qui serpente tout près, la maison d'une autre époque fièrement érigée sur une colline, plus loin... «On a tout construit en six semaines ici, mentionne le producteur André Rouleau. La grange, la maison, les chemins, la cabane dans le bois. Il n'y avait ni eau ni électricité. On a même fait un égout.»

«C'est ma plus belle création», dit le concepteur visuel Martin Tessier. On se promet de revenir lorsque les feuilles des arbres délaisseront le vert pour le rouge et le jaune! «On a loué le terrain pour 12 semaines», dit André Rouleau.

Au beau milieu des vallons, des roulottes, vieilles bagnoles, escabeaux et mallettes sont éparpillés avec soin. Le jour de la visite du plateau, on y tournait l'arrivée du cirque chez Betty et Tommy, les personnages centraux du récit. Magique raconte, en effet, les efforts d'un garçon de 8 ans (Tommy) pour faire sourire sa mère (Betty) profondément triste. Le jour où la troupe du cirque se fait montrer la porte du village près de chez lui, il a l'idée de l'accueillir dans son champ! «Ce n'est pas autobiographique, mais c'est un peu l'histoire de ma mère, qui était triste, et moi, raconte Philippe Muyl, qui nous a déjà donné Le papillon. C'est mon troisième long métrage avec un enfant au centre de l'histoire. Ce n'est pas un hasard. C'est une façon de revisiter mon enfance.»

Comme les cirques de notre enfance ou notre imagination, celui de Muyl comporte son lot de personnages excentriques, attachants et drôlement harnachés. Parlez-en à Benoît Brière qui doit porter costume en lainage brun et gants en cuir, même si le soleil tape! «C'est chaud, mais on ne se plaint pas, car le tournage se déroule jusqu'en octobre», dit l'acteur, moustachu pour la cause.

Dans Magique, Brière est le patron grognon du cirque. Comme pour La grande séduction, Station Nord et combien de pubs de Bell, Brière offre à la caméra un personnage qui ne lui ressemble aucunement. «On me propose ça, remarque-t-il. Les costumes, les perruques, je suis un essayiste. J'ai hâte aux tests de maquillage, aux essayages de costumes. Je trouve ça trippant. Je suis une enveloppe vide qu'on remplit!»

Une enveloppe qui se prête au jeu, pour autant qu'on lui laisse du terrain. Sur Magique, Brière a rencontré un réalisateur ouvert et à l'écoute. «Philippe sait ce qu'il a à faire, dit-il. Il laisse aussi beaucoup de liberté. C'est un vrai bon capitaine.

«C'est un plateau calme qui ne pète pas les plombs, poursuit Brière. À cause de l'écriture, de l'histoire peut-être. Il y a quelque chose de bucolique. C'est tendre.»

Qui plus est, le plateau est déroulé sous un ciel bleu depuis le 20 août. «En fait, il y a eu une journée de pluie, mais elle correspondait au tournage d'une journée triste dans l'histoire, note André Rouleau. Le ciel est avec nous.»

Les artisans sur le plateau travaillent avec efficacité, sans stress apparent, même si les directives fusent. «C'est sublime ici, mentionne Philippe Muyl. Mais au-delà du décor, il y a le fait qu'on soit au Québec. Il y a une gentillesse collective ici. Ça repose, surtout lorsqu'on vient de Paris!»

Grâce à cette coproduction au petit budget tenu secret pour l'instant («les artistes ont tous accepté de travailler pour un cachet réduit», dit Rouleau), le réalisateur se paye tout un séjour dans la province. Il ne retournera en France qu'en février 2008. «Je vais voir comment arrivent l'automne et l'hiver, dit-il. Présentement, j'ai le meilleur côté du Québec.»