Piers Morgan s'est retrouvé cette semaine dans une position que peu d'animateurs affectionnent: de l'autre côté du micro.

Invité à discuter son rôle à titre de rédacteur en chef de tabloïds éclaboussés par le scandale des écoutes téléphoniques, il a comparu par vidéo devant un comité britannique ayant reçu le mandat d'étudier les pratiques des médias en Grande-Bretagne.

Ce témoignage a fait beaucoup de bruit dans le pays natal de Piers Morgan, mais considérablement moins de l'autre côté de l'Atlantique, où il est mieux connu pour les entrevues qu'il réalise avec des célébrités sur les ondes de CNN et pour son ancien rôle de juge à l'émission America's Got Talent.

Les experts ont suggéré jeudi que le témoignage de cette semaine n'aura pas beaucoup d'impact sur son image aux États-Unis, soulignant toutefois que les choses pourraient être appelées à changer si des éléments prouvant son implication dans le scandale des écoutes téléphoniques font surface.

«Je n'ai rien vu qui pourrait encourager les téléspectateurs à changer de poste», a dit Frank Sesno, directeur de l'École des médias et des affaires publiques de l'Université George Washington et ancien chef de bureau à Washington pour CNN.

Les réseaux télévisés britanniques ont diffusé le témoignage de Piers Morgan en direct. Ce ne fut pas le cas des chaînes américaines. CNN, Fox News et MSNBC en ont fait mention dans leurs journaux télévisés, mais seule la chaîne CNN a présenté des extraits vidéo (en différé).

La «performance» de Piers Morgan n'a pas fait l'unanimité - l'Associated Press a écrit qu'il était «tendu et parfois hostile» - mais les manchettes mettaient surtout en lumière ce qui n'avait pas été dit.

Les histoires qui ont été discutées portaient surtout sur son refus de préciser comment il avait pu écouter un message téléphonique laissé par Paul McCartney à son épouse de l'époque, Heather Mills.

Cette incapacité à faire la lumière sur l'incident McCartney, doublée du fait que la comparution s'est déroulée à un moment où les téléspectateurs sont surtout préoccupés par les préparatifs du temps des Fêtes, expliquent en partie la raison pour laquelle l'événement n'a pas été suivi étroitement.

Selon le Britannique Steve Hewlett, analyste et consultant des médias, Piers Morgan serait véritablement dans le pétrin si des enquêteurs découvrent qu'il a menti lors de sa comparution.

«Il a donné à tout le monde assez de corde pour qu'ils puissent le pendre», a estimé M. Hewlett, qui anime l'émission The Media Show à la radio de la BBC.

«Si quelque chose fait surface et prouve qu'il a raconté des faussetés, il est cuit», a-t-il fait valoir.