Le quotidien gratuit 20 Minutes va supprimer son service photo par souci d'économies, ce qui pourrait entraîner jusqu'à 11 licenciements dans le cadre d'un plan social, a-t-on appris jeudi auprès de la direction et de salariés.

Jeudi après-midi, le PDG de 20 Minutes, Olivier Bonsart, s'est adressé aux salariés et aux représentants du personnel pour leur annoncer l'ouverture d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), a-t-on appris de même source, confirmant une information de Libération.

Au total, treize postes sont supprimés, essentiellement au service photo du quotidien. En 2013, l'effectif total de 20 Minutes était de 213 salariés, selon la direction.

Si les négociations, qui pourraient prévoir des reclassements en interne, n'aboutissaient pas, le plan pourrait conduire «jusqu'à 11 licenciements», selon la direction.

La première phase d'information-consultation doit durer deux mois.

De sources internes, on indique que les 13 postes concernés sont notamment les sept reporters photo, basés à Paris et en province, le responsable du service photo, deux opérateurs pré-presse et le rédacteur en chef technique.

«La direction a décidé qu'il n'y aurait plus de service photo à 20 Minutes. Elle souhaite s'appuyer sur les agences, la polyvalence des rédacteurs qui feront les photos et les vidéos et Scoopshot (une application qui permet d'utiliser les photos des particuliers contre rémunération, ndlr)», a déclaré à l'AFP une source interne.

De son côté, la direction met en avant «une conjoncture économique compliquée avec la chute vertigineuse de la publicité pour l'imprimé, les évolutions technologiques et la stratégie de 20 Minutes qui veut accélérer sur le numérique».

Dans un communiqué, la rédaction du quotidien a fait part de sa «vive inquiétude quant à un tel projet» en estimant que la «disparition du service photo aurait un effet irréversible sur la qualité» de l'ensemble des supports du titre (papier, site web et applications).

Pour le SNJ-CGT, «ce projet n'a qu'un objectif, celui d'éliminer la présence de la CGT au sein de 20 Minutes, en s'attaquant aux reporters photographes» pour la plupart syndiqués, a dénoncé dans un communiqué le syndicat. «Le SNJ-CGT utilisera tous les moyens à sa disposition pour combattre ce projet et mobiliser les salariés de 20 Minutes», a-t-il prévenu.

Lancé en France en 2002 par l'éditeur norvégien Schibsted, l'un des leaders européens de la presse gratuite, et codétenu avec le groupe Sipa Ouest-France, 20 Minutes a été diffusé à 889 335 exemplaires par jour en octobre, en baisse par rapport aux 979 440 exemplaires en moyenne en 2012.

Sur les neuf premiers mois de 2013 le titre affiche des comptes dans le rouge: son chiffre d'affaires a baissé de 13% à 34,6 millions d'euros contre 39,7 millions sur la même période en 2012, et il a essuyé une perte opérationnelle de 4,2 millions d'euros, indique le rapport trimestriel de Schibsted.

Depuis fin août, 20 Minutes a étendu sa diffusion de 40 à 45 villes. En 2012, son bénéfice opérationnel (EBITDA) avait été divisé par deux, revenant à 1 million d'euros pour un chiffre d'affaires de 58,4 millions d'euros.