Entre les nouveaux États américains légalisant l'usage du cannabis et le départ d'un ministre farouchement opposé à la marijuana, les entreprises du secteur bénéficient d'un environnement favorable qui pourrait créer une nouvelle euphorie à Wall Street.

Si les actions des entreprises cotées à New York évoluaient dans le rouge jeudi, elles ont bondi la veille, Tilray prenant 30,6 %, Canopy Growth 8,2 % et Cronos Group 8,4 %.  

Amenés à se prononcer sur plusieurs initiatives locales en marge des élections de mi-mandat mardi, les Américains de trois États ont voté en faveur de la plante.  

Le Michigan est d'une part devenu le 10e État américain à légaliser l'usage récréatif du cannabis.

« Un quart des Américains (près de 80 millions de personnes) vit désormais dans un État où ils peuvent fumer ou consommer la drogue s'ils ont l'âge requis », a souligné Jessica Rabe du cabinet de recherche DataTrek.

Le Missouri et l'Utah ont par ailleurs voté en faveur de la consommation du cannabis pour raison médicale, portant ainsi à 33 le nombre d'États autorisant cette pratique.

Et plusieurs responsables politiques élus ou ré-élus mardi ont fait part de leur intention d'avancer sur le sujet, comme par exemple le nouveau gouverneur de l'Illinois.  

« Chaque vote en faveur de la légalisation du cannabis au niveau des États représente une étape supplémentaire vers sa légalisation au niveau national, une décision qu'attendent de nombreux investisseurs encore réticents à s'engager dans le secteur », a relevé Mme Rabe.

« Le départ de Jeff Sessions est la cerise sur le gâteau », a-t-elle ajouté.  

Abruptement limogé mercredi par Donald Trump, qui lui reprochait principalement de s'être récusé dans l'enquête sur l'ingérence russe dans la présidentielle de 2016, l'ancien ministre de la Justice était un ardent opposant au cannabis.

Il a en particulier révoqué plusieurs directives émises sous la présidence Obama laissant les coudées franches aux États dans l'application des lois anti-drogues.  

« On ne sait pas qui remplacera définitivement Jeff Sessions, mais il serait difficile de trouver quelqu'un plus opposé que lui à la drogue », a noté Mme Rabe.  

Avec sa démission, « le marché commence à sérieusement envisager la possibilité que la marijuana soit retirée de la liste » des drogues dures comme l'héroïne ou l'ecstasy, a remarqué de son côté Bobby Burleson de Canaccord Genuity.

D'autres décisions favorables au secteur pourraient suivre, comme l'adoption, dans la loi régissant de nombreux aspects de l'agriculture aux États-Unis, de dispositions facilitant la culture du chanvre.