La firme d'ingénierie SNC-Lavalin n'est pas au bout de ses peines. Une perte extraordinaire de plus de 117 millions de dollars a été enregistrée au deuxième trimestre terminé le 30 juin à la suite de démêlés concernant deux projets d'ingénierie et de construction en Afrique du Nord.

La multinationale montréalaise accuse une perte de 70,1 millions en lien avec une réclamation alléguant des pénalités de retard concernant un projet à prix forfaitaire en Algérie. S'ajoute une provision pour risque de 47 millions à la suite d'une tentative inattendue de retrait en vertu de lettres de crédit émises au profit du client d'un projet interrompu depuis le début de la révolution civile en Libye. Dans les deux cas, SNC conteste et entend prendre toutes les mesures nécessaires pour récupérer les sommes impliquées.

Même en excluant les charges exceptionnelles, les résultats dans les activités d'ingénierie sont en deçà des attentes de la communauté financière et les marges bénéficiaires en sont responsables, indique l'analyste Bert Powell, de BMO Marchés des capitaux. Les revenus tirés de ces activités de base pour SNC ont baissé de 1,9% à 1,5 milliard depuis un an et le carnet de commandes de 7,4 milliards a fondu de 5,6% en trois mois.

En fin de compte, la firme d'ingénierie plus que centenaire inscrit un déficit net de 37,7 millions, soit l'équivalent de 25 cents par action, comparativement à 31,7 millions, ou 21 cents l'action, un an plus tôt.

«L'année 2013 s'avère très difficile pour SNC, mais ce sera aussi une année importante de transition et d'améliorations qui sera bénéfique pour 2014 et les années subséquentes», a indiqué Robert G. Card, président et chef de la direction du Groupe SNC-Lavalin.

Infrastructures

SNC peut compter sur ses investissements dans des concessions d'infrastructures (ICI) pour se maintenir à flot et éventuellement redorer son bilan. Le résultat net provenant de ces activités a plus que doublé pour s'établir à 67,0 millions au dernier trimestre, en raison de l'augmentation des bénéfices provenant du distributeur hydroélectrique albertain AltaLink, d'un dividende plus élevé reçu de l'autoroute 407 en Ontario ainsi que d'un apport plus élevé provenant du producteur d'énergie algérien Shariket Kahraba Hadjret En Nouss, avec qui un différend concernant l'encaissement des dividendes a été résolu.

Robert G. Card a indiqué que des pourparlers étaient en cours visant certains actifs. Selon Maxim Sytchev de Dundee Market Capital, «pires sont les résultats en ingénierie, plus grandes sont les pressions pour que SNC mette en valeur ce portefeuille». Une revente ou un essaimage sont attendus.

SNC a abaissé ses projections pour l'année et prévoit maintenant une croissance du résultat net d'au plus 10 à 15% par rapport à 2012. La direction de l'entreprise affirme être sur la bonne voie du point de vue de l'exécution opérationnelle dans toutes ses composantes, mais tient le contexte politique changeant en Afrique du Nord responsable de ses problèmes imprévus. Le conseil d'administration a maintenu le dividende trimestriel de 23 cents par action.

En Bourse, le titre s'est effondré de 6% à 40,38$, hier. Il retrouve ainsi pratiquement son niveau du début de l'année.