La Bourse américaine a encore du potentiel à moyen terme même après avoir franchi sommet après sommet jusqu'au début de cette semaine. Il convient cependant de réduire les attentes de gain additionnel à 5 % d'ici la fin de l'année, selon plusieurs sources, puisque cette poussée repose essentiellement sur le dos des entreprises.

La firme JPMorgan vient notamment de relever de 1715 à 1775 sa cible pour l'indice S&P 500 d'ici six mois, citant différents facteurs comme l'amélioration de l'économie aux États-Unis et en Europe. Cette révision à la hausse survient après que l'indice général du marché américain eut poussé son sommet historique en séance jusqu'à 1699, mardi. Il est retombé à 1691 en clôture du marché hier, marquant néanmoins un gain de près de 19 % depuis le début de l'année.

Les analystes de JPMorgan estiment que la performance des actions dépendra davantage de la croissance des bénéfices que d'une expansion des multiples boursiers. Ceux-ci sont notamment limités par les pressions haussières sur les taux d'intérêt. Traditionnellement, les actions ne commencent vraiment à en souffrir qu'à partir du moment où les taux dépassent la barre des 5 %, pourcentage très éloigné des niveaux actuels.

«Avec la croissance attendue aux États-Unis comme en Europe au deuxième semestre, Wall Street est en mesure d'améliorer ses estimations de bénéfices», écrivent les stratèges de JP Morgan dans une note à leurs clients. La banque américaine, qui gère le deuxième fonds spéculatif en importance du monde, a elle même bonifié de 3,5 et 3,0 % ses prévisions de profits pour les 500 compagnies du S&P en 2013 et 2014, respectivement.

Principales ombres au tableau: la décélération de l'économie de la Chine et un durcissement des politiques de la Réserve fédérale américaine. Ce dernier point est moins inquiétant pour le marché des actions que pour celui des obligations, rappelle-t-on. Le début d'un cycle de resserrement monétaire n'est presque jamais le signe de la fin d'un cycle haussier en Bourse, même si une réaction initiale de délestage est humaine. Au cours des quatre derniers cycles de hausse des taux, le S&P 500 a subi une correction de 7 à 9 % après la première hausse de taux, avant de reprendre son ascension.

La confiance règne

La firme new-yorkaise S&P Capital IQ compte elle aussi sur la reprise économique en Europe et l'essor de la Chine pour stimuler les affaires des compagnies et repousser les sommets boursiers. Le stratège Alec Young note que le premier ministre Li Keqiang a affirmé que les autorités chinoises ne toléreraient pas un taux de croissance de moins de 7 % du produit national brut.

Maintenant que le tiers des compagnies composant le S&P 500 ont dévoilé leurs résultats pour le deuxième trimestre, S&P Capital table sur une progression annuelle de 4,2 % des profits du groupe, principalement grâce aux sociétés financières (+ 24,3 % ) et aux commerces de produits discrétionnaires (+ 15,7 % ). L'amélioration de la rentabilité passera par des réductions de coûts puisque les prévisions de ventes sont plutôt stables. Par contre, cette division du groupe financier Standard & Poor's n'exclut pas une bonification des multiples boursiers de bénéfices.

«Certes, les bénéfices sont encore bons et les entreprises pourraient faire encore mieux dans les mois à venir, surtout si les conditions économiques mondiales s'améliorent et l'appréciation du dollar américain marque une pause. Mais à long terme, la croissance des bénéfices des sociétés rejoindra inévitablement celle du produit intérieur brut nominal, qui devrait être d'environ 4-5 % par an», écrivent, de leur côté, les stratèges de la firme montréalaise BCA Research.

Selon la firme indépendante qui tire son nom de sa publication principale, The Bank Credit Analyst, les actions ordinaires américaines devraient rapporter environ 6 %, incluant un dividende de 2 %.

«Tout ce qui dépasse ce taux de rendement attendu doit être considéré comme excessif et s'appuiera sur la poursuite de l'expansion des multiples. Cette expansion reste possible, mais dépendra de l'interaction entre l'économie américaine et la politique de la Réserve fédérale», prévoit BCA.

LA RECOMMANDATION

JPMorgan recommande quelques titres susceptibles de profiter de la progression des affaires en Europe mais peu exposés aux difficultés potentielles des pays émergents. La liste comprend les géants du commerce électronique eBay et Priceline.com ainsi que le groupe biopharmaceutique américain Gilead Sciences, la multinationale pétrochimique LyondellBasell et la brasserie canado-américaine Molson Coors Brewing.