Après avoir essuyé un premier refus du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), Bell (T.BCE) reviendrait à la charge pour acheter Astral (T.ACM.A).

Le conglomérat soumettrait bientôt une nouvelle offre d'achat selon laquelle il accepterait de se départir de certaines chaînes de télévision pour satisfaire aux exigences du CRTC.

«C'est comme du limbo», résume Pierre Bélanger, professeur en communications à l'Université d'Ottawa.

Astral a confirmé hier être «en pourparlers avec Bell» afin de s'entendre sur une nouvelle offre d'achat qui serait ensuite présentée au CRTC, qui a refusé la première offre d'achat il y a un mois. Aucune entente finale n'a été conclue hier, a indiqué Astral. Bell a un droit de négociation exclusif jusqu'au 16 décembre.

Selon un article publié hier dans le Globe and Mail, Bell et Astral se seraient entendus sur la grande partie des termes d'une deuxième transaction. Selon ce scénario, Bell ferait l'acquisition de la grande majorité des chaînes de télé et de radio d'Astral, mais vendrait aux enchères quelques chaînes de télé d'Astral, surtout au Canada anglais. Les chaînes en question seraient seulement vendues aux enchères si la transaction était approuvée par le Bureau de la concurrence et le CRTC, qui a rejeté la première offre d'achat parce que Bell-Astral aurait contrôlé 42,7% des parts de marché à la télé anglophone et 33,1% à la télé francophone. Le CRTC examine attentivement toute entente qui donne plus de 35% des parts de marché et refuse presque automatiquement une transaction qui entraîne une concentration de 45%.

«Bell et Astral veulent structurer la transaction pour que les parts de marché passent sous les limites du CRTC, mais Bell voudra garder les chaînes les plus rentables d'Astral comme HBO et Super Écran», dit Pierre Bélanger, professeur en communications à l'Université d'Ottawa et ancien consultant pour Astral.

À la suite de la publication de l'article du Globe and Mail, les négociations sur le titre d'Astral ont été suspendues jusqu'à midi, le temps qu'Astral confirme dans un communiqué ses pourparlers avec Bell, qui n'a fait aucun commentaire sur le dossier. En après-midi hier, le titre d'Astral a gagné 5,06% (2,14$) pour clôturer la séance à 44,40$ à la Bourse de Toronto. Bell avait offert 50$ par action d'Astral en mars dernier.

L'achat d'Astral par Bell, une transaction de 3,38 milliards de dollars, a été refusé par le CRTC le 18 octobre dernier au motif que Bell-Astral «peut adopter des pratiques anticoncurrentielles». Le CRTC a critiqué la transaction à la fois pour la télé anglophone, la télé francophone et la radio. S'il veut revenir à la charge, Bell devra donc faire des modifications à son offre d'achat sur ces trois aspects.

Mais le temps presse: Bell doit payer 150 millions de dollars (environ 2,68$ par action) à Astral en frais de résiliation si la transaction n'est pas conclue avant le 16 décembre (la date limite peut être reportée au 15 janvier sur accord des parties). Après cette date, Astral ne sera plus tenue de négocier exclusivement avec Bell. Selon La Presse, Rogers et le tandem Cogeco-Corus avaient soumis des offres l'hiver dernier avant d'être coiffés par Bell au fil d'arrivée.