Pourquoi la Bourse a-t-elle follement monté lundi et hier, du moins jusqu'à une heure de la fin de la séance? Parce que d'importants investisseurs, tels des traders de grandes firmes de courtage et des gestionnaires de portefeuilles institutionnels, avaient semble-t-il espoir de voir l'Europe régler la grave crise des dettes souveraines.

C'est quand même incroyable. La semaine dernière, selon les gourous, la Bourse chutait dramatiquement sous le prétexte que les traders et les gestionnaires de portefeuille étaient déçus des mesures de sauvetage mises de l'avant par les gouvernements européens pour sortir du trou les pays éclopés, soit la Grèce, l'Italie, l'Espagne, le Portugal... Quel est le fabuleux projet qui sèmerait tant d'espoir chez les meneurs de claques de la Bourse? Ce serait la mise sur pied, selon CNBC, d'une banque européenne d'investissement dont la mission première consisterait à émettre des bons en vue de racheter les titres de dettes des pays en grave difficulté financière.

Pourquoi n'y a-t-on pas pensé avant? Ça nous aurait évité deux gros mois de misère noire en Bourse. Et une chute de 15 à 25% de plusieurs grands indices. En passant, juste en l'espace de quatre mois, les investisseurs se sont fait plumer le portefeuille de 8000 milliards. Pour "apprécier" ce chiffre à son juste poids, sachez qu'il représente presque six fois le PIB du Canada. Ou si vous préférez, quelque 53% du PIB des États-Unis.

Si vous ressentez une petite déprime en regardant de près vos derniers relevés de portefeuille, dites-vous que le monde entier est en mesure de comprendre votre état psychologique.

Redevenons positif. Et bravo pour ce soudain revirement haussier de la Bourse. La question boursière de l'heure: est-ce du solide ou un strictement un feu de paille?

Tant mieux si la correction baissière est terminée. La semaine dernière, Wall Street est revenu tester son creux du 9 août dernier, lequel représentait une chute de 20% par rapport au haut de l'année. À son pic hier, Wall Street avait regagné 7,3% par rapport au niveau de jeudi dernier. Du côté de la Bourse canadienne, c'est lundi que le S&P/TSX Composite a touché son creux annuel, en baisse de 21,2% par rapport à son haut du printemps. En cours de séance hier, le baromètre de la Bourse de Toronto avait réussi à grimper de 6,8% par rapport à son creux de veille. De quoi avoir le vertige.

Les Bourses ont bouclé la séance d'hier en territoire certes positif, mais pas mal essoufflées.

Soyons réaliste et convenons que ça va prendre plus que de l'espoir pour que le marché haussier se poursuive sur des bases solides.

Un «petit» courtier, mais de grande expérience, m'a justement mis en garde hier contre ce soudain changement de cap de Wall Street et de ses émules de la planète.

Sa théorie? La Bourse aurait soudainement monté lundi et hier pour les raisons suivantes: un, les spéculateurs recouvrent massivement leurs ventes à découvert (pour se faire, ils doivent racheter les actions qu'ils avaient préalablement vendues dans l'espoir de voir le prix tomber); deux, comme on approche de la fin de septembre et du troisième trimestre, des gestionnaires de portefeuille sont particulièrement actifs sur le marché; trois, plusieurs sociétés, à l'instar de Berkshire Hathaway du célèbre Warren Buffett, auraient mis de l'avant des programmes de rachat de leurs propres actions, laissant ainsi entendre que leurs titres seraient sous-évalués.

Tout cela pour dire qu'à son avis, cette hausse serait hautement fragile! C'est un marché de traders. Regardons l'évolution du Dow Jones depuis son creux du 9 août dernier, à 10 588 points.

Huit jours plus tard, il avait regrimpé de presque 1000 points (+9%). Trois jours après (le 19 août), il rechutait à 10 750 points, soit de 7,0%. Puis huit autres séances plus tard, il regagnait 1000 points (+9,2%). Pour les reperdre ensuite, avec une chute de 8%, rendu au 12 septembre. Un gain de 7,3% allait suivre jusqu'au 20 septembre. Deux jours plus tard? Autre chute de 1000 points (-8,7%). Et hier à 15 heures, le Dow Jones avait réexplosé de 7,5%.

Est-ce assez volatil à votre goût?

La Bourse? Un vrai de jeu de fou.