La Bourse de New York, affaiblie par sa pire semaine en trois ans, va scruter la semaine prochaine l'évolution de la crise grecque, mais aussi des indicateurs économiques aux États-Unis, à la recherche d'indices confirmant ou non le sombre tableau dressé par la banque centrale.

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«Le marché est extrêmement vulnérable à l'actualité», constate Scott Marcouiller, de Wells Fargo Advisors.

«Ce sont la crainte et l'incertitude, les deux choses que les marchés détestent le plus, qui continuent de dominer», ajoute-t-il.

Sur les cinq séances écoulées, l'indice phare de Wall Street, le Dow Jones, a lâché 6,41%, terminant à 10 771,48 points vendredi.

Il faut remonter à octobre 2008, aux pires heures de la débâcle financière suivant la faillite de la banque Lehman Brothers, pour retrouver une chute hebdomadaire plus marquée.

Selon les chiffres de l'indice Wilshire 5000, cela correspond à environ 1000 milliards de dollars US de capitalisation boursière partis en fumée en cinq jours.

Le Nasdaq, à dominante technologique, a abandonné 5,30% à 2483,23 points et l'indice élargi Standard & Poor's 500 6,64% à 1136,43 points.

Au Canada, la Bourse de Toronto a subi d'importants reculs pour une troisième séance consécutive, vendredi, en raison des craintes de récession et du repli des prix des matières premières.

L'indice S&P/TSX a clôturé en baisse de 0,86% ou 99,65 points, à 11 462,87. Le principal indice de la Bourse de Toronto affiche un repli de plus de 20% par rapport à son sommet du début du mois de mars, franchissant ainsi le seuil technique qui définit un marché baissier.

Pour Michael James, de Wedbush Morgan Securities, deux mots résument cette semaine difficile: «frustration, face à la persistance des problèmes de dette souveraine et du secteur bancaire (en Europe), et incertitude, quant à la direction que va prendre la croissance», explique-t-il.

La semaine s'est ouverte sur fond de plongeon des places européennes après un sommet européen décevant en Pologne, qui n'a apporté aucune réelle avancée sur le dossier grec.

Mais la dégringolade est surtout intervenue après la fin de la réunion de la banque centrale américaine (Fed) mercredi. L'institution a annoncé un nouveau dispositif pour soutenir la croissance, en achetant des bons du Trésor à long terme pour faire baisser les taux d'intérêt et soutenir l'activité.

Cette mesure, dite «opération twist», avait été largement anticipée par les analystes, qui ont affiché un certain scepticisme sur son efficacité.

«Je pense que les marchés espéraient un peu plus. Les investisseurs espéraient que la Fed viendrait à leur secours» avec de nouvelles injections de liquidités, estime Gina Martin, de Wells Fargo Securities.

Les marchés ont retenu le discours pessimiste de la banque centrale, qui s'est alarmée des risques pesant sur la reprise. Ces propos ont été d'autant plus mal reçus qu'ils se sont ajoutés à des indicateurs en Europe et en Chine «qui montrent que l'économie mondiale se trouve en terrain glissant», ajoute l'analyste.

L'actualité européenne devrait accaparer une grande partie de l'attention la semaine prochaine, avec le retour en Grèce des représentants de la troïka (FMI, Commission européenne et BCE), au moment où Athènes cherche à convaincre ses partenaires de lui verser une nouvelle tranche d'aide pour éviter le défaut de paiement.

Les investisseurs guetteront aussi jeudi le vote prévu au parlement allemand sur l'élargissement du fonds de secours aux pays en difficulté de la zone euro.

Aux États-Unis, plusieurs indicateurs économiques sont attendus: lundi les ventes de logements neufs, mardi les indices des prix des logements et de confiance des consommateurs, mercredi les commandes de biens durables, vendredi les promesses de ventes de logements et les chiffres des dépenses des ménages et d'activité industrielle à Chicago.

«Si les chiffres suggèrent qu'une récession est plus probable, le marché va souffrir», prévient Gina Martin.

Selon l'analyste, les investisseurs auront aussi l'oeil sur les annonces des entreprises, qui pourraient lancer des avertissements sur leurs résultats financiers avec la fin du trimestre.

«L'absence de mauvaise nouvelle pourrait être considérée comme une bonne nouvelle», relève de son côté Michael James.

«Si on n'a pas trop d'annonces négatives des entreprises et en Europe, le marché a de bonnes chances de se reprendre», estime-t-il.