Tandis que les marchés cherchent à saisir les réelles conséquences de la catastrophe japonaise sur l'économie mondiale, les places boursières européennes et nord-américaines ont limité les dégâts hier. Mais l'incertitude est tout de même palpable et le marché est stressé.

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À la première séance complète depuis le tremblement de terre, le Nikkei 225 a plongé de 6,2 %. Mais Tokyo est la seule Bourse importante à avoir perdu autant de terrain hier.

Hong-Kong et Shanghaï ont légèrement progressé. Paris, Londres et Francfort ont cédé entre 0,9 et 1,7 %. Les titres bancaires européens ont permis de sauver la face. Ils ont gagné du terrain après l'accord européen obtenu vendredi à Bruxelles pour augmenter la capacité du fonds de secours de la zone euro.

En Amérique du Nord, les principaux indices ont affiché de légers reculs de 0,4 à 0,6 %. La journée a commencé dans la peur, note Gabriel Lancry, conseiller principal et gestionnaire associé à la gestion de patrimoine chez Scotia McLeod. L'indice de volatilité VIX du S&P 500 a bondi de 13 %. Mais le marché s'est calmé et le VIX a terminé en hausse plus modeste de 5 %.

«La catastrophe japonaise vient d'ajouter encore plus de stress dans le marché, note néanmoins M. Lancry. L'Europe a un genou à terre. Aux États-Unis, on récupère tranquillement, mais la reprise est fragile.» Puis, arrive cette catastrophe au Japon, qui fait craindre pour la reprise de l'économie mondiale. «On marche sur des oeufs et on entend des craquements», résume M. Lancry.

Inquiétudes nucléaires

À travers l'inquiétude d'un accident nucléaire à la centrale Fukushima et la réaction méfiante des autres pays - l'Inde a indiqué qu'elle allait passer en revue son programme d'énergie atomique -, les investisseurs ont fui le secteur de l'uranium et de l'énergie nucléaire. L'indice de l'Agence nucléaire mondiale, qui rassemble 65 sociétés, a reculé de 7,4 %, un record. Aux États-Unis, General Electric (GE), fournisseur d'équipement pour les centrales, a cédé 2,2 %.

Au Canada, Cameco (CCO) a lâché 12 %. Dans une téléconférence tenue en après-midi, le président et chef de la direction, Jerry Grandey, a indiqué que Cameco n'anticipait aucun impact direct des problèmes nucléaires japonais.

Uranium One (UUU) a décroché de 27,7 %. La junior québécoise Ressources Strateco, qui met en valeur le projet d'exploration uranifère le plus avancé de la province, a perdu près du tiers de sa valeur.

Le secteur de l'assurance est aussi touché. Manuvie (MFC), qui compte 120 bureaux de vente dans l'archipel nippon, a perdu 3,5 % hier à Toronto. Les deux plus importants réassureurs de la planète, Munich Re et Swiss Re, ont reculé de 3,4 et 4,5 %.

Mais il y a des secteurs gagnants. Le Japon devra reconstruire une partie du pays, et les fabricants de bois d'oeuvre devraient en tirer profit, remarquait vendredi dernier l'analyste Richard Kelertas, de Dundee Marchés des capitaux. Le bois est le matériau de construction principal au Japon, notamment pour sa meilleure résistance aux tremblements de terre. Hier, le numéro un canadien, West Fraser Timber (WFT), a pris 4,7 %. Tembec (TMB) et Norbord (NBD) ont gagné 2,2 et 2,6 %.

Moins pire qu'attendu ?

Avec ces occasions pour les sociétés qui pourront participer à la reconstruction, le cataclysme japonais pourrait finalement avoir moins d'impact négatif sur l'économie mondiale que ce que plusieurs redoutent actuellement.

«Le recul des marchés a été plus faible que ce que les gens attendaient, souligne Marc Dalpé, gestionnaire de portefeuille au Groupe Dalpé-Milette chez Valeurs mobilières Desjardins. Cela démontre que l'importance de l'économie japonaise au niveau mondial s'est érodée substantiellement depuis 10 ou 15 ans. Les gens ne pensent pas que les problèmes, aussi majeurs soient-ils, aient un impact important sur l'activité économique mondiale et la croissance.»

M. Dalpé note que, depuis cinq ans, à peine 1 % de la croissance économique mondiale provient du Japon. Et le fait que le Japon exporte beaucoup plus qu'il n'importe atténue l'impact économique global du tremblement de terre.

Le dollar canadien a glissé de 0,16 cent US, à 102,82 cents US. À New York, le pétrole a enregistré une hausse négligeable de 3 cents US, à 101,19 $US le baril.