Les grandes entreprises du monde ont repris goût aux fusions et acquisitions. Malgré les perspectives de croissance moroses, elles profitent de leur liquidités abondantes et du crédit bon marché pour mettre la main sur un concurrent. De l'énergie aux mines, en passant par la finance, le transport ou encore l'informatique, des opérations de plusieurs milliards se multiplient dans le monde depuis quelques semaines. Et ce n'est pas fini.

La surenchère de Hewlett-Packard [[|ticker sym='HPQ'|]] pour acquérir le spécialiste des systèmes de stockage de données 3Par [[|ticker sym='PAR'|]] laisse entrevoir une reprise de l'activité des fusions et acquisitions dans le secteur informatique. Et il y en a d'autres: les banques américaines, le secteur des ressources et, ici, les entreprises familiales.

L'informatique

Rappelez-vous quand le monde était simple: IBM [[|ticker sym='IBM'|]] concevait des logiciels informatiques, Intel fabriquait des puces et HP s'occupait de vous fournir un ordinateur et une imprimante. Ces temps sont révolus, estime Nicolas Bednarek, vice-président adjoint et gestionnaire de portefeuille au Fonds des professionnels.

«Il y a une convergence des technologies», explique-t-il. Les grands joueurs informatiques vont donc de plus en plus aller jouer dans le secteur de l'autre. La volonté de HP d'acquérir le spécialiste de stockage de données 3Par s'inscrit dans cette logique.

Cette annonce n'est pas la seule récente. IBM a également acheté Unica Corporation [[|ticker sym='UNCA'|]] et Intel [[|ticker sym='INTC'|]] s'offre McAfee [[|ticker sym='MFE'|]].

Chez nous, CGI [[|ticker sym='T.GIB.A'|]] vient d'acquérir l'américaine Stanley pour plus de 900 millions.

L'important acteur montréalais en informatique, CGI, pourrait-il lui-même faire l'objet d'une acquisition. «Je le vois plus comme consolidateur que comme cible», souligne Nicolas Marcoux, associé responsable des services en transactions chez PricewaterhouseCoopeers, à Montréal

L'analyste Steve Li de Valeurs mobilières Industrielle Alliance croit quand même que de petits acteurs montréalais pourraient être la cible d'acquisition. Il mentionne le cas d'iWeb [[|ticker sym='V.IWB'|]], dont les revenus avoisinent les 24 millions. «Tout ce qui touche au stockage de l'information, il y aura sûrement de la demande pour ça», dit-il lui aussi.

Pétrole et gaz

On le voit avec l'offre de BHP Billiton [[|ticker sym='BHP'|]] sur PotashCorp [[|ticker sym='T.POT'|]], le grand secteur des ressources naturelles est encore porteur en matière de fusions et d'acquisitions, avec des offres milliardaires qui retiennent l'attention.

Selon M. Bednarek, le secteur du pétrole et gaz continuera de faire travailler fiscalistes et comptables pour présenter des offres d'achat ces prochains mois. La logique est la suivante: «Avec le prix du gaz qui tourne autour des 4$US, ça devient très difficile d'être rentable.»

Qui dit manque de rentabilité, dit aussi entreprise en difficulté ou dont le titre est déprécié en Bourse. De plus importants acteurs aux reins solides peuvent donc mettre la main dessus.

M. Bednarek cite la récente acquisition de XTO Energy par Exxon [[|ticker sym='XOM'|]] pour 41 milliards US, qui a été perçue comme une avancée majeure d'Exxon dans le gaz naturel.

«Ça va sûrement aider le prix du gaz. En ayant moins de joueurs, ils vont pouvoir mieux contrôler l'offre.»

Les banques américaines

Pour ceux qui sont plus patients, il y a aussi les banques américaines qui retiennent l'attention du gestionnaire du Fonds des professionnels. «Des banques régionales seraient des cibles potentielles. Et il pourrait y avoir des banques canadiennes intéressées», dit-il.

Mais attention, il faudra attendre la levée de quelques incertitudes. D'abord, connaître la véritable portée des nouvelles règles internationales régissant le système bancaire inscrites dans l'accord de Bâle 3. Ensuite, il y a les détails de la nouvelle réglementation américaine.

M. Bednarek soutient que, lorsque ces inquiétudes seront derrière nous, des banques canadiennes - il cite la Royale - pourraient en profiter pour consolider leur présence au sud de la frontière «et surtout, à bon prix».

Les entreprises familiales

Dans l'ensemble du Québec, il y a aussi plusieurs entreprises familiales qui cherchent un repreneur. Un secteur où la dernière année a vu peu d'activités, en raison de la crise financière et de la récession.

Mais les banques sont aujourd'hui de retour dans le marché, souligne M. Marcoux. «Elles sont beaucoup plus agressives qu'elles ne l'ont été dans la dernière année.»

Les transactions restées sur la tablette ces 18 derniers mois devraient donc reprendre sous peu, selon lui.