Les prix du pétrole ont enregistré un sévère repli mercredi à New York, le baril chutant de 3,5% sous l'effet de la progression inattendue des réserves américaines de brut, qui a amplifié un mouvement déjà amorcé à la suite du redressement du dollar.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en juillet a terminé à 66,12$, en baisse de 2,43$ par rapport à son cours de clôture de mardi.

À Londres, sur l'InterContinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a abandonné 2,29$ à 65,88$.

«La course vers les 69 dollars semble nous avoir portés à un point de quasi épuisement», a constaté Phil Flynn, d'Alaron Trading.

Les prix ont dans un premier temps reculé sous le coup de la reprise du dollar, de nouveau recherché par les investisseurs après sa chute des derniers jours. Car l'affaiblissement de la monnaie américaine avait largement contribué à l'envolée de l'or noir, avec un pic à 69,05$ à New York mardi.

À cela est venue s'ajouter l'annonce d'une reconstitution inattendue des stocks de pétrole aux États-Unis la semaine dernière.

«Des hausses plus fortes qu'attendu (à l'exception de l'essence) liées à un rebond des importations et à une très mauvaise demande» ont renvoyé le baril sous les 66$, a résumé Hussein Allidina, de Morgan Stanley.

Alors que le marché espérait une poursuite du recul des réserves de brut, observé depuis trois semaines, celles-ci ont largement rebondi, avec une hausse de 2,9 millions de barils la semaine dernière.

Même mouvement du côté des distillats (le fioul de chauffage et le diesel), où les stocks se sont étoffés de 1,6 million de barils.

«Si cela représente un retour à un schéma plus normal des importations pétrolières et de la production, il se pourrait que les perspectives pour les prix du pétrole viennent de prendre un tournant important, pour le pire», a commenté Nic Brown de Natixis.

Certains experts jugent que l'état de la demande -toujours faible- et des stocks pétroliers -toujours pléthoriques- ne justifie en rien les niveaux de prix actuels et anticipe une violente rechute des prix.

L'Agence internationale de l'énergie s'attend à une contraction de la demande de 2,6 millions de barils par jour cette année comparée à 2008.

«La poursuite du recul de la demande continue de dessiner un environnement baissier (pour les prix), montrant que les gains récents n'étaient pas soutenus par les fondamentaux du marché», a observé Antoine Halff, de Newedge Group.

Selon le rapport hebdomadaire du département à l'Énergie, la consommation américaine de pétrole est inférieure de près de 8% à son niveau de l'an passé.

De plus, les statistiques économiques publiées mercredi n'ont pas fourni particulièrement de raison d'espérer, 532 000 emplois ayant été détruits en mai par le secteur privé américain, selon le cabinet ADP.

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