L'Action démocratique demande au gouvernement Charest de sabrer au moins 1 milliard $ dans les dépenses publiques à compter de cette année.

Au terme d'un caucus présessionnel des quatre députés adéquistes, mardi, le chef Gérard Deltell a appelé le gouvernement à prendre les décisions douloureuses qui s'imposent pour assainir les finances publiques.«L'objectif, ce n'est pas de passer les dépenses à la scie à chaîne. L'objectif, c'est d'être plus efficace et que les gens en aient pour leur argent. Nous estimons, et bien des gens estiment, que nous vivons au-dessus de nos moyens», a dit M. Deltell, en point de presse à Saint-Antoine-de-Tilly, à l'ouest de Québec.

Le leader adéquiste a notamment invité le premier ministre Jean Charest à s'inspirer du gouvernement français et de réviser chacun des postes budgétaires de l'État.

M. Deltell préconise entre autres un dégraissage administratif majeur du réseau de la santé, une réduction substantielle de l'aide aux entreprises et un régime minceur pour les syndicats du secteur public.

Ces décisions «pas nécessairement agréables» sont pourtant nécessaires pour paver la voie à un retour vers l'équilibre budgétaire, pense le leader de l'ADQ.

«Ce que l'on souhaite, c'est que le gouvernement fasse l'analyse de chacune des dépenses, comme le gouvernement Sarkozy le fait. Ce que ça veut dire, c'est qu'on serait capables de sauver graduellement 1 milliard $. C'est l'objectif qu'on peut se donner», a-t-il évoqué.

Avec un déficit frôlant les 5 milliards $, le Québec ne peut plus faire l'économie des choix douloureux, avance M. Deltell. À cet égard, il juge «grotesque» l'attitude rassurante affichée par le ministre des Finances, Raymond Bachand.

«Le gars qui signe le budget dit que ce qui est important c'est d'être heureux. Ce n'est pas ce que les Québécois veulent entendre. Ce qu'ils veulent, c'est quelqu'un qui va gérer intelligemment», a-t-il dit.

Sur la corde raide, l'Action démocratique du Québec veut tourner la page sur les déboires de 2009 et tenter de refaire sa crédibilité.

Après les déchirements qui ont marqué la course au leadership l'an dernier, la pente à remonter sera abrupte pour l'ADQ, a convenu M. Deltell.

«Oui, en effet, on a une côte extrêmement rude à remonter. J'en suis conscient et c'est la raison pour laquelle je prends le temps de discuter avec les citoyens, d'aller à leur rencontre, et de leur rappeler notre message. Notre message est de plus en plus pertinent», a-t-il insisté.

Le parti fondé par Mario Dumont a «immensément déçu» ses militants, a avoué de son côté le député de Shefford, François Bonnardel.

«En 2010, les mots pertinence, crédibilité et sérieux doivent redevenir un gage de succès pour notre formation politique. On peut effacer 2009, ça a été une année extrêmement difficile et je ne tenterai pas de convaincre les gens que ça a bien été», a lancé M. Bonnardel.

L'ADQ, a-t-il poursuivi, doit faire table rase des vieilles chicanes et relever le défi de redevenir une option politique crédible.

À cet égard, le retour au bercail des deux députés dissidents, Éric Caire et Marc Picard, pourrait envoyer un message rassurant pour les militants.

La porte est grande ouverte pour accueillir les deux élus indépendants, a soutenu M. Deltell, qui a eu des conversations ces dernières semaines avec MM. Caire et Picard.

Selon lui, les deux hommes n'ont pas annoncé leurs intentions, préférant attendre la suite des événements.

«Ils m'ont dit qu'ils regardent les choses aller», a dit le leader adéquiste, qui affirme ne pas craindre la formation d'un nouveau parti de droite sous la férule d'Éric Caire.

Par ailleurs, M. Deltell a recruté Alain Sanscartier à titre de directeur de cabinet. Ancien proche conseiller de Mario Dumont, M. Sanscartier avait quitté ses fonctions à la suite de la dégelée électorale de décembre 2008.

Homme «d'expérience et de grande compétence», M. Sanscartier «a l'appui des trois autres députés», a assuré le chef.