Les partis de l'opposition se sont déclarés révoltés hier par le geste unilatéral du premier ministre, Stephen Harper, en fin de semaine lorsque ce dernier a signé à Lima un accord de libre-échange avec la Colombie.

Le Bloc québécois, le Parti libéral et le Nouveau Parti démocratique ont manifesté hier leur vivre préoccupation face à cet accord, paraphé également par le président colombien, Alvaro Uribe, qui fait complètement fi du rapport majoritaire de l'opposition au Comité permanent du commerce international. Ce rapport demandait au gouvernement Harper de surseoir à la signature d'un tel traité avec la Colombie tant que la situation des droits de la personne dans ce pays ne se serait pas sensiblement améliorée. Le geste du gouvernement Harper est perçu comme un véritable camouflet par les partis de l'opposition.

 

Selon la Confédération syndicale internationale, qui a publié un rapport la semaine dernière, la Colombie tient le record mondial des assassinats de syndicalistes en 2007, soit 39. De plus, ces assassinats jouissent de la plus grande impunité, toujours selon la CSI. Depuis l'élection du président Uribe en 2002, 474 syndicalistes ont été assassinés, rapportait également la semaine dernière la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), le premier syndicat en Colombie. Le député bloquiste Serge Cardin a interpellé en Chambre hier le gouvernement sur la signature-surprise de cet accord avec la Colombie, un accord, a-t-il dit, qui «favorise d'abord la protection des investissements de compagnies canadiennes au détriment des droits humains».

Complice de la corruption

C'est le nouveau ministre du Commerce international, Stockwell Day, qui a répondu en disant que ce fut un honneur pour lui de signer le document en question. Il a ajouté que le traité contenait des sections «exactes et très précises» sur les droits de la personne et des travailleurs.

La députée bloquiste Ève-Mary Thaï Thi Lac a pour sa part accusé aux Communes le gouvernement de s'être rendu «complice de la corruption qui a cours au sein du gouvernement colombien».

Pour sa part, le député néo-démocrate Peter Julian a affirmé à La Presse hier que la signature de ce traité par le gouvernement Harper équivalait à décerner au gouvernement Uribe un prix du mérite pour l'aggravation sur son territoire de la situation des droits de la personne. M. Julian a notamment dénoncé une clause de l'accord qui prévoit que le gouvernement colombien se versera à lui-même une «petite» amende de 15 millions de dollars s'il ne parvient pas à endiguer la violence contre les syndicalistes et les autochtones colombiens.

«L'idée que l'on puisse continuer à tuer des syndicalistes et que la seule obligation à cet égard du gouvernement colombien est de payer une petite amende n'est pas valable. C'est ridicule», a dénoncé Peter Julian.

Le gouvernement Harper devra présenter à la Chambre des communes l'accord signé avec Bogota afin de le faire entériner par le Parlement. À l'heure actuelle, les partis de l'opposition -majoritaires- ne sont pas disposés à appuyer l'accord. «Il est clair, dans les conditions actuelles, que nous allons nous y opposer», a notamment déclaré Gilles Duceppe.