Pressé par l'Union des municipalités du Québec d'agir pour contrer la prolifération du myriophylle à épi dans les lacs, Québec a annoncé hier une subvention de 8 millions pour lutter contre différentes espèces exotiques envahissantes, dont la plante « zombie ».

« Notre priorité est de faire affaire avec des organismes riverains, pour qu'ils puissent agir rapidement sur le terrain », précise la ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Isabelle Melançon.

La subvention sera administrée par la Fondation de la faune, et consiste en une enveloppe de 6,25 millions (1,25 million par année pendant cinq ans) pour le financement d'initiatives de lutte contre des plantes envahissantes comme le myriophylle à épi, mais aussi contre des plantes non aquatiques comme le phragmite exotique et la renouée du Japon.

Ces sommes sont particulièrement destinées à des interventions dans des « milieux naturels d'intérêt écologique ».

Une autre enveloppe de 1,75 million est réservée à des activités d'« acquisition de connaissances » sur ces plantes.

Un investissement très bien accueilli

L'annonce a été très bien accueillie par une coalition d'une vingtaine d'organismes qui avaient réclamé lundi l'adoption d'une politique gouvernementale pour lutter contre le myriophylle à épi.

Présente dans plus d'une centaine de lacs au Québec, cette plante aquatique, qui se propage par boutures en se collant aux hélices de moteurs de bateaux et aux remorques, menace de s'étendre dans des dizaines d'autres lacs. « On espère qu'il y aura une part considérable du budget réservée au myriophylle, parce que ça explose, c'est fou », commente Joé Deslauriers, maire de Saint-Donat, une municipalité de Lanaudière jusqu'à maintenant épargnée par la plante.

« Il est peu probable que ces sommes financent des projets de restauration dans des petits lacs où les riverains subissent une perte de jouissance à cause du myriophylle. C'est davantage destiné à des sites d'un intérêt environnemental exceptionnel », croit le biologiste Claude Lavoie, spécialiste des plantes envahissantes au Centre de recherche en aménagement et développement de l'Université Laval.

« C'est un bon premier pas », ajoute le spécialiste, précisant toutefois que l'Ontario a quelques foulées d'avance sur le Québec depuis qu'il a adopté une loi pour lutter contre les espèces envahissantes. Celle-ci donne au ministre ontarien le pouvoir d'interdire par arrêtés ministériels certaines activités qui « augmentent la menace » des plantes envahissantes, et prévoit des amendes pouvant aller jusqu'à 250 000  $ pour les individus qui y contreviennent (jusqu'à 1 million pour les personnes morales).

« Il faut réfléchir à une telle avenue, tout à fait », a affirmé la ministre Melançon, mais l'adoption d'une telle loi est peu probable à court terme dans le contexte électoral de la rentrée, a-t-elle ajouté.