Après avoir déclaré que les adeptes du burkini pourraient se voir refuser la citoyenneté sous un gouvernement caquiste, le chef François Legault a été comparé à Donald Trump, mais cela lui est égal, a-t-il riposté.

Le test de valeurs que veut imposer la Coalition avenir Québec (CAQ) aux nouveaux arrivants comportera des questions sur l'égalité homme-femme et le demandeur qui échoue ne pourrait devenir citoyen au Québec, a déclaré M. Legault, lundi.

Il a été rapidement condamné par les libéraux et Québec solidaire, et même associé au controversé candidat républicain américain, mais il a balayé ces accusations du revers de la main.

Rappelons que la CAQ compte parmi ses engagements d'imposer des tests de valeurs contraignants aux nouveaux arrivants.

Dans un point de presse avant d'entrer à la séance du caucus pré-sessionnel de son parti, lundi matin, dans un hôtel de Saint-Jérôme, M. Legault a dit qu'il avait un «problème» avec le burkini.

Quand les journalistes lui ont demandé s'il y aurait des questions sur le burkini dans son éventuel test des valeurs, il a répondu qu'«il y aurait sûrement des questions sur l'égalité homme-femme» et que le répondant qui ne croirait pas à ce principe aurait du mal à obtenir la citoyenneté.

«On ne reçoit pas la citoyenneté, c'est tout», a répondu M. Legault concernant le sort de celui qui échoue au test. (Quelqu'un qui dit:) «je ne crois pas à l'égalité homme-femme', il aurait un problème à être accepté.»

En mission à Boston, le premier ministre Philippe Couillard n'a pas manqué de voir une «parenté de moyens», une «parenté de processus» entre le chef caquiste François Legault et Donald Trump.

«Il n'y a pas beaucoup d'hommes politiques en Amérique du Nord qui parlent d'expulser des gens: il y a en deux», a affirmé M. Couillard dans La Presse.

Québec solidaire a évoqué aussi la «division» et «l'exclusion» pour qualifier la solution caquiste. La députée Manon Massé a fait référence au candidat républicain à la présidence des États-Unis, Donald Trump.

«C'est extrêmement inquiétant, a-t-elle déclaré en entrevue téléphonique. On n'a pas besoin d'un Donald Trump en politique québécoise. Cette idée de test de citoyenneté, de test idéologique, M. Trump nous l'a déjà proposée.»

En conférence de presse plus tard en après-midi, M. Legault a répondu à ces condamnations.

«Cela m'est égal», a-t-il dit en anglais à propos de l'attaque de Québec solidaire. Et quand le journaliste lui a fait remarquer que c'était une accusation grave, il a répondu: «oui, mais ce n'est pas une surprise pour moi».

Il a ajouté que ce sera à Françoise David de justifier pourquoi elle accepterait des immigrants qui ne reconnaissent pas l'égalité homme-femme. Il a aussi rappelé que ce genre de tests existe aussi au Danemark et en Allemagne.

«Si c'est bon pour l'Allemagne et le Danemark, c'est bon pour le Québec», a-t-il dit.

Rappelons que le Québec peut choisir la majeure partie des candidats à l'immigration sur son territoire en vertu d'une entente avec Ottawa. C'est donc l'État québécois qui attribue un certificat de sélection au demandeur, mais au bout du compte, c'est néanmoins le gouvernement fédéral qui attribue la citoyenneté canadienne.

Le parti s'est d'ailleurs embourbé sur la question du burkini la semaine dernière. La porte-parole caquiste en matière de laïcité, Nathalie Roy, avait affirmé qu'elle était favorable à l'interdiction du burkini, une contraction de burka et bikini, ce maillot de bain qui couvre l'ensemble du corps.

La députée s'était ensuite ravisée en admettant que l'interdiction serait difficile à mettre en oeuvre sur le plan juridique.

Lundi matin, Mme Roy a rappelé qu'elle était farouchement contre le burkini, «symbole d'oppression et de soumission», tout comme le nikab, la burka, le tchador, selon elle, «c'est extrêmement heurtant», a-t-elle poursuivi.

Cependant, son parti s'en tiendra à l'interdiction des signes religieux chez les personnes en position d'autorité: juges, procureurs, policiers, enseignants. Elle soutient qu'elle n'était pas en contradiction avec la CAQ.

«Ce n'est pas une question de porte-à-faux. Émotivement, c'est quelque chose qui interpelle les femmes. Par ailleurs, pour ce qui est de la position du parti, je fais mon lit, j'ai dit qu'on ne ferait pas de loi, ce serait extrêmement difficile», a-t-elle ajouté.

François Legault est par ailleurs intervenu aussi dans le débat sur le port de signes religieux dans les rangs policiers. La Gendarmerie royale du Canada vient d'autoriser le port du hidjab par ses effectifs, et le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) dit être ouvert à cette idée. Or le chef caquiste soutient qu'il s'y «oppose totalement».

«Imaginez-vous demain matin une policière qui porte un hidjab qui s'adresse à un citoyen qui est de religion juive, a-t-il dit. Moi, je pense qu'un policier ou une policière a le devoir d'être neutre et d'incarner la laïcité.»

Le choix de Saint-Jérôme pour la tenue du caucus caquiste n'est pas anodin. Le siège de la circonscription est vacant depuis la démission de l'ancien chef péquiste Pierre Karl Péladeau en mai.

Une élection complémentaire aura donc lieu dans les prochains mois, mais la date n'a pas encore été annoncée par le premier ministre Philippe Couillard.

La Coalition avenir Québec espère reprendre la circonscription, qui a déjà été détenue par une de ses anciennes vedettes, Jacques Duchesneau.

En 2014, M. Péladeau avait gagné le scrutin avec 2000 voix de majorité, tandis qu'en 2012, M. Duchesneau avait remporté la circonscription avec près de 900 voix de majorité.

Cette fois, le candidat caquiste est Bruno Laroche, le maire de Saint-Hippolyte, une personnalité connue dans la région.