Le gouvernement Couillard fera tomber des cartes importantes sur la table des négociations avec le secteur public dans le but d'accélérer un règlement et de mettre un terme aux discussions amorcées il y a près d'un an avec les centrales qui représentent les 500 000 employés de l'État.

Selon les informations obtenues par La Presse, à la table sectorielle de la santé, le gouvernement acceptera une vieille réclamation des infirmières: la rétribution de la formation. On renouera avec les dispositions de la loi 90 adoptée sous Bernard Landry, qui voulait revaloriser la profession d'infirmière.

Des aspects de relativité sont aussi en jeu: en effet, comment expliquer qu'une infirmière gagne en moyenne moins qu'un enseignant au primaire ou au secondaire? Le ministre de la Santé Gaétan Barrette a sauté dans la mêlée la semaine dernière et a assuré, a-t-on appris, que ces propositions se trouveraient «sur la ligne d'arrivée».

La Presse n'a pu obtenir une évaluation du coût de ces concessions aux infirmières. Mais elles ajouteront un défi important au réseau de la santé pour l'année 2016-2017. Le Trésor exige plus de 400 millions «d'efforts supplémentaires» pour l'an prochain au ministère dirigé par Gaétan Barrette, en plus de l'impact de la loi 20 pour cette même année, soit 110 millions d'économies (55 millions cette année et 55 millions pour 2017-2018). Beaucoup de chantiers ont été lancés l'an dernier dans le secteur de la santé, mais les économies ne sont pas arrivées aussi vite qu'on sy 'attendait.

Lundi, les ministres ont fait un premier tour de table sur la commande de compressions pour 2016-2017, soit plus de 1,2 milliard. Déjà malmenée cette année, l'éducation s'en tire avec une commande réduite - autour de 200 millions de compressions sont attendues pour l'année 2016-2017.

LA FIQ, la fédération interprofessionnelle qui représente plus de 60 000 infirmières, était en conseil fédéral la semaine dernière. Le comité exécutif de Régine Laurent avait imposé une rupture des négociations pour galvaniser les troupes. En réalité, les discussions n'ont jamais été interrompues, et les négociations ont depuis repris officiellement.

Du lest sur les pénalités

Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a déjà affirmé publiquement que Québec était prêt à jeter du lest sur ses demandes à propos du régime de retraite des employés. Pas question, par contre, de laisser tomber les paramètres salariaux, soit deux années de gel des salaires suivies de trois augmentations annuelles de 1%.

En revanche, a-t-on appris, le gouvernement compte réduire ses attentes à la table centrale concernant les retraites. Le printemps dernier, en mettant la rondelle en jeu, Québec avait indiqué qu'à compter de janvier 2017, la pénalité actuarielle annuelle pour les employés qui prenaient leur retraite prématurément passerait de 4,2 à 7% par année. Cette cible de 7% sera abandonnée. Par ailleurs, on comprend que Québec n'a pas l'intention de faire des concessions sur un autre changement attendu au régime de retraite. L'âge minimal de retraite sans pénalité devrait être augmenté pour tenir compte de la longévité accrue; on passerait ainsi de 60 à 62 ans à compter de 2017.