Le premier ministre Stephen Harper invite les Canadiens à encercler la date du 19 octobre 2015 sur leur calendrier. C'est à cette date qu'il compte les convier aux urnes afin qu'ils passent un jugement sur son dernier mandat à la tête du gouvernement fédéral.

Dans une entrevue accordée à La Presse, M. Harper a indiqué n'être nullement tenté de devancer l'échéancier électoral en déclenchant des élections au printemps dans le but de prendre ses adversaires politiques de court.

Il dit vouloir respecter l'échéancier du 19 octobre 2015, prévu dans la Loi sur les élections à date fixe, adoptée par son gouvernement en 2007. M. Harper tente ainsi de mettre un terme aux spéculations des partis de l'opposition et de certains observateurs de la scène politique fédérale selon lesquelles il jonglerait avec l'idée d'un scrutin hâtif, tout de suite après le dépôt du prochain budget.

Interrogé si les élections auront lieu comme prévu en octobre, M. Harper a répondu d'un ton ferme: «Oui. Je ne vois pas de choses à l'horizon qui vont changer ça».

Et ceux qui pensent qu'il pourrait tirer sa révérence plutôt que d'affronter les libéraux de Justin Trudeau, en tête dans les sondages nationaux depuis près de 18 mois, ou encore les néo-démocrates de Thomas Mulcair, se bercent d'illusions. Stephen Harper, âgé de 55 ans seulement, sollicitera un quatrième mandat de suite des électeurs.

«J'aime mon job. Je dis que j'ai le meilleur job dans le meilleur pays du monde. Je suis relativement jeune pour un premier ministre. Et mon parti veut que je continue et je suis heureux de le faire. Mais à la fin, ce sera le choix de la population et on va respecter ce choix», a dit M. Harper, rencontré à son bureau de l'édifice Langevin.

S'il devait obtenir un autre mandat majoritaire au prochain scrutin, M. Harper pourrait inscrire son nom dans les livres d'histoire en devenant le cinquième premier ministre ayant servi le plus longtemps au pays après MacKenzie King (21 ans et demi), John A. Macdonald (19 ans), Pierre Trudeau (15 ans et demi), et Wilfrid Laurier (15 ans). Il délogerait d'ailleurs Jean Chrétien, qui occupe actuellement le cinquième rang (10 ans au pouvoir).

Dans cette entrevue de plus de 25 minutes, M. Harper a abordé plusieurs sujets qui seront au coeur de la prochaine campagne électorale: l'économie, l'utilisation des surplus budgétaires, la stabilité politique et économique, la lutte au terrorisme, les affaires étrangères et l'unité canadienne.

Sur le front des affaires étrangères, M. Harper est revenu sur sa fameuse rencontre avec le président russe Vladimir Poutine au sommet du G20 à Brisbane, en Australie, à la mi-novembre.



Durant une brève rencontre entre les deux hommes, M. Harper a déclaré à brûle-pourpoint au président Poutine: «Sortez de l'Ukraine». Cette déclaration a fait la une de plusieurs grands quotidiens de la planète.

Les relations entre les deux hommes sont loin d'être cordiales, surtout depuis que la Russie a annexé illégalement la Crimée, un territoire autonome de l'Ukraine, après quelques incursions militaires.

Chose certaine, M. Harper n'avait pas le goût de discuter de la pluie et du beau temps avec le président au dernier sommet international auquel les deux leaders ont participé.

«Mon gouvernement ne prend pas des décisions basées sur des relations personnelles. On prend des décisions basées sur les intérêts du Canada. (...) Quand une grande puissance agit d'une façon de plus en plus agressive, et c'est le cas depuis plus d'une décennie maintenant, il faut le dire directement à M. Poutine», a soutenu le premier ministre.

«Qu'est-ce que j'aurais pu dire à M Poutine? "Ah! Comment vont les Canadiens de Montréal, les Capitals? Et comment va Ovechkin?" Sérieusement? Sérieusement, quand on fait quelque chose comme ça, j'ai une responsabilité de le dire. Je pense que la population l'apprécie», a-t-il ajouté.

Archives PC

Stephen Harper et Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg en septembre 2013.