Michel Cadotte avait des symptômes dépressifs qui affectaient sa capacité à prendre des décisions, le jour où il a étouffé son épouse avec un oreiller, a déclaré mercredi un psychiatre expert, au procès de l'homme accusé de meurtre non prémédité.

Mais il était en mesure d'apprécier ce qu'il faisait, ainsi que de distinguer le bien du mal, a ajouté le docteur Louis Morissette, appelé à la barre par la défense. Il n'était pas non plus psychotique et n'entendait pas de voix, a-t-il ajouté pour clarifier.

« Il est perturbé, mais pas assez pour dire qu'il est complètement hors de la track. »

M. Cadotte avait raconté aux jurés lundi qu'il avait étouffé son épouse parce qu'il n'en pouvait plus de la voir souffrir de la maladie d'Alzheimer. Le lendemain, il a affirmé dans la salle de cour du palais de justice de Montréal qu'il était tout à fait conscient de ce qu'il faisait.

Jocelyne Lizotte était atteinte de la maladie d'Alzheimer à un stade avancé, qui l'empêchait de prendre soin d'elle-même et qui lui faisait perdre le contact avec la réalité. Elle a été retrouvée morte dans son lit du CHSLD Émilie-Gamelin, à Montréal, le 20 février 2017.

L'expert Morissette a rencontré à trois reprises M. Cadotte l'été et l'automne derniers pour l'évaluer et a rendu son rapport en novembre.

« Si les symptômes dépressifs n'étaient pas présents, il n'aurait pas pris cette décision », a déclaré le psychiatre au jury et à la juge Hélène Di Salvo qui préside le procès.

« C'est une décision inhabituelle chez lui, qui ne reflète pas ce qu'il est comme personne. »

Il n'est pas de type impulsif, précisera-t-il plus tard, mais il posé ce jour-là un geste impulsif.

L'expert a jugé bon de mentionner que s'il a beaucoup été question de M. Cadotte qui se sentait impuissant et découragé parce qu'il tentait d'ajuster l'oreiller de sa femme pour la rendre plus confortable et que celui-ci ne cessait de glisser, rendant l'opération impossible, sa réaction ce jour-là n'était « pas qu'une question d'oreiller ». « C'était une accumulation », a-t-il précisé, de beaucoup de choses au niveau des soins de sa femme qu'il jugeait inadéquats, qui l'ont épuisé et entraîné un sentiment de découragement et de détresse au fil du temps.

L'homme, qui réside à Montréal, a reçu un diagnostic de dépression majeure en 2013. Il a alors pris des antidépresseurs. Mais en 2017, il n'était pas tout à fait rétabli, juge l'expert, mais demeurait fonctionnel dans la vie de tous les jours.

Et puis, il ne recevait pas la dose de médicaments habituelle pour un tel état. M. Cadotte a témoigné qu'il prenait une plus faible dose en raison de son passé de consommateur de cocaïne. L'expert a souligné qu'il ne pouvait pas faire de lien entre ce qui est arrivé et ce qu'il estime être une sous-médication. Mais s'il avait eu une plus forte dose, « il se serait peut-être porté mieux », a-t-il déclaré.

Un an avant la mort de son épouse, Michel Cadotte avait tenté d'obtenir pour elle l'aide médicale à mourir, mais elle n'était pas admissible puisqu'elle n'était pas « en fin de vie » et qu'elle ne pouvait donner un « consentement éclairé ». Ils étaient mariés depuis 19 ans.

Le procès se poursuit jeudi.