Le jeune homme soupçonné d'avoir comploté pour perpétrer une attaque terroriste dans une ville canadienne était un solitaire et un inconnu dans la petite ville du sud-ouest de l'Ontario où il est mort durant une confrontation avec la police mercredi.

Mais le passé d'Aaron Driver fournit quelques indices au sujet de la transformation de ce fils chrétien d'un caporal de l'Aviation royale canadienne en un sympathisant du groupe armé État islamique (ÉI).

Aaron Driver, qui était âgé de 24 ans, avait abandonné l'école au secondaire et vivait avec sa soeur, Eileen Driver Dumont, à Strathroy, à l'ouest de London, en Ontario, sous des conditions imposées par un tribunal.

Mme Driver Dumont est mariée et mère de quatre enfants. Le père du jeune homme, Wayne Driver, réside à Cold Lake, en Alberta. Sa mère est morte lorsqu'il avait sept ans.

Dans une entrevue accordée au Toronto Star en février 2015, Aaron Driver avait confié avoir profité du fait que sa famille immédiate n'était pas très présente lorsqu'il était plus jeune.

«J'ai beaucoup fait la fête, avait-il dit dans cette entrevue accordée sous son nom musulman, Harun Abdurahman. J'ai eu quelques problèmes. Mais je pense que j'ai fini par décider que je ne voulais pas vivre ma vie comme cela. Je cherchais quelque chose de différent.»

Toujours durant son entretien avec le journal torontois, il avait indiqué avoir commencé à étudier le Coran après avoir été attiré par «le mode de vie universel» proposé par l'islam. Ses proches, de leur côté, croyaient que cet intérêt était passager.

«Étant membres de l'armée, ils étaient impliqués dans les combats contre les musulmans, directement ou indirectement», avait commenté le jeune homme.

La Presse canadienne n'a pas été en mesure d'obtenir les commentaires de la famille d'Aaron Driver. Son père a cependant affirmé sur les ondes de CTV qu'il n'avait pas vu son fils depuis deux ans. Il avait récemment essayé de reprendre contact avec lui, mais ce dernier lui avait raccroché au nez.

«C'est plutôt incroyable. Comment a-t-il pu aller aussi loin? Et là, j'ai réalisé: "Oh mon Dieu, mon fils est mort. À quoi pensait-il?"», a raconté Wayne Driver.

Il a ajouté qu'Aaron était un enfant heureux qui avait «changé» après la mort de sa mère. «Je crois qu'il m'a un peu blâmé pour la mort de sa mère et il est devenu très renfermé par la suite», a précisé M. Driver.

À Strathroy, la plupart des voisins interrogés ont dit qu'ils ne voyaient jamais Aaron Driver ou qu'ils ne le connaissaient pas. Ce n'est toutefois pas le cas des chauffeurs de Leo's Taxi Service.

«Nous l'avons souvent conduit au travail et ramené à la maison. C'était un garçon gentil et poli, qui disait "merci" et "bonne journée", des trucs comme ça. Personne n'aurait jamais pensé que quelque chose comme ça pourrait se produire», a relaté Brenda Carreiro, qui dirige l'entreprise avec son mari, Eddy.

«J'aimais beaucoup ce garçon. C'était un garçon adorable, très poli avec moi», a ajouté Eddy.

Dans une entrevue avec CBC en juin 2015, Aaron Driver s'était fait demander ce qu'il faudrait pour revoir ses principes proterroristes.

«Ce qu'il faudrait, c'est que l'Occident arrête de tuer des musulmans, vous savez, qu'il cesse de les bombarder. Qu'il cesse d'arrêter des musulmans, avait-il répondu. Assumez la responsabilité des crimes que vous avez commis par le passé et restez chez vous, occupez-vous de vos propres problèmes au lieu d'essayer de résoudre ceux des autres en lançant des bombes sur eux ou en tentant de les forcer à adopter la démocratie.»