Un maire a restreint la baignade sur les plages de son village en Bretagne (ouest) en raison de la présence d'un « dauphin solitaire » en rut pouvant constituer un « risque » pour les baigneurs et les plongeurs.

Au vu de « la présence exceptionnelle d'un dauphin solitaire dans le secteur de Port-Maria », des « risques qui en découlent » et de « l'avis des spécialistes des mammifères marins » recueillis, « la baignade et la plongée sont interdites sur le littoral de la commune (...) dès que la présence du dauphin est avérée », a écrit le maire de Landevennec (Finistère), Roger Lars, dans un arrêté pris le 20 août, consulté dimanche par l'AFP.

« De même, l'approche volontaire à moins de 50 mètres du dauphin est interdite », précise ce texte, l'interdiction ne concernant toutefois pas « les personnes accréditées par le Ministère de l'Environnement au titre du suivi des mammifères marins ».

Selon plusieurs médias, ce dauphin solitaire de trois mètres de long s'est établi il y a plusieurs mois dans la rade de Brest, entre plusieurs communes dont Plougastel-Daoulas, Logonna-Daoulas et Landevennec. S'approchant des côtes et recherchant le contact avec les humains, il faisait au départ le bonheur des baigneurs qui l'ont surnommé « Zafar ». Mais aujourd'hui en rut, il se frotte d'un peu trop près aux embarcations et aux baigneurs, inquiétant le maire.

« J'ai pris cet arrêté pour préserver la sécurité des personnes (...) Plusieurs baigneurs ont eu très peur. Il a même soulevé une baigneuse jeudi dernier avec son nez », a expliqué Roger Lars au quotidien Ouest France mercredi.

« Sans vouloir faire mal, un coup de la nageoire caudale peut faire beaucoup de dégâts », a de son côté expliqué au journal Le Télégramme Sami Hassani, un spécialiste des mammifères marins.

Mais un avocat au barreau de Quimper (Bretagne), Erwan Le Cornec, a déclaré dimanche à l'AFP souhaiter « déposer un recours devant le tribunal administratif de Rennes » contre cet arrêté « excessif ».

« Combien y a-t-il eu d'accidents avec un dauphin en Finistère depuis que les deux espèces (dauphin et humain, ndlr) cohabitent ? Aucun », a-t-il écrit dans un communiqué, jugeant qu'avec « un tel arrêté, le maire veut faire passer un dauphin pour une bête presque féroce, totalement imprévisible, susceptible de noyer les gens » et « va transformer l'approche légitimement positive que les gens ont des dauphins en une peur de ces animaux intelligents ».

Selon Me Le Cornec, « à ce régime-là, à l'approche par un piéton d'un chien même tenu en laisse, tous les maires du Finistère et même de France devraient prendre un arrêté interdisant la circulation piétonne en ville... ».