Pendant des années, il était caché sous un tapis bleu terne au dernier étage d'un immeuble anonyme qui, au fil du temps, a abrité aussi bien une imprimerie qu'une salle de danse et un cellier.

Mais en 2010, quand un incendie a endommagé ce bâtiment historique de St. Stephen, au Nouveau-Brunswick, le nettoyage a découvert un trésor enfoui qui est maintenant au centre d'un débat transatlantique sur un chapitre peu connu de l'histoire du basketball.

«À l'étage, il y avait du tapis partout sur le plancher du gymnase et en tirant le tapis, par Dieu, il était là - tout en bois franc», a expliqué Peter Corby, le président du groupe sans but non lucratif Canada 1st Basketball.

«C'est le court perdu.»

Le court serait le plus vieux terrain de basketball du monde, s'il faut en croire M. Corby et ceux qui se décrivent comme des «malades du basketball» canadiens, et le premier match y aurait été joué le 17 octobre 1893.

Cette affirmation a déclenché un bras de fer international avec des historiens qui prétendent que Paris a le plus ancien terrain de basketball encore en usage. C'est là, dans le sous-sol d'un YMCA parisien, qu'on aurait joué au basketball en décembre 1893, quelques années seulement après l'invention du sport.

M. Corby - un ancien directeur sportif et enseignant qui dirige un groupe qui espère préserver le court du Nouveau-Brunswick - insiste sur le fait que le match du YMCA de St. Stephen a été joué des mois plus tôt, ce qui démolirait les prétentions de Paris.

«Je suppose que Donald Trump appellerait ça une fausse nouvelle!», a-t-il plaisanté lors d'une interview depuis son domicile de Fredericton.

«Nous jouions au basketball des mois avant ce qu'ils prétendent. Nous l'avons étudié et nous avons fait des recherches avec nos journaux locaux et le YMCA (...) Notre date est bien antérieure à leur date.»

M. Corby retrace l'histoire du court à l'un des joueurs originaux du jeu, Lyman Archibald, un Canadien qui a étudié à l'École de formation YMCA du Massachusetts sous la direction de James Naismith, l'inventeur du basketball.

Selon Historica Canada, M. Naismith était à la recherche d'un sport récréatif intérieur lorsqu'il enseignait au YMCA de Springfield. Il a créé un jeu qui utilisait des paniers de pêches, un ballon et 13 règles régissant la course avec le ballon, le trébuchement et les bousculades.

Un grand nombre de ses étudiants sont rentrés au Canada, aidant à propager le jeu à travers le pays.

Le jeu s'est enraciné à St. Stephen quand M. Archibald, qui était originaire de la Nouvelle-Écosse, a été nommé directeur du YMCA local, où il a présenté le basketball à la petite communauté. M. Corby dit que cela a inspiré une passion pour le jeu qui est encore ressentie dans la ville d'environ 4600 personnes.

Cet enthousiasme durable a amené M. Corby et son groupe à travailler avec le propriétaire actuel du bâtiment, le Centre de formation professionnelle de St. Croix, afin de trouver un moyen pour Canada 1 Basketball de l'acheter et de le transformer en musée du patrimoine de basketball.

Selon l'arrangement, M. Corby a un peu moins de deux ans pour rassembler assez d'argent pour acheter le bâtiment pour un montant qui reste à déterminer.

Le travail fait partie du rêve de M. Corby et de son groupe de célébrer à la fois le jeu et le rôle crucial du Canada à ses débuts, un peu comme Cooperstown, dans l'État de New York, l'a fait avec son Temple de la renommée du baseball.

«Il n'y a aucun bâtiment physique au Canada qui abrite un temple de la renommée du basketball canadien», a-t-il dit, ajoutant qu'il y aura un événement spécial le 17 octobre pour commémorer les 125 ans de basketball à St. Stephen.

Le maire de St. Stephen, Allan MacEachern, a dit qu'être à cet endroit - un court d'environ 14 mètres sur 9,3 mètres, avec des murs bleu clair et un plafond orné de blanc et de vert - évoque la vie du siècle dernier, quand on jouait à neuf contre neuf.

«Quand vous arrivez là-bas, vous pouvez commencer à imaginer ces gars qui jouent au ballon et vous pouvez le sentir, a-t-il déclaré lors d'une interview. Ça ne ressemble pas à une salle de sport - il y a un plancher de gymnase, mais il y a des plafonds en étain, ce sont de beaux plafonds.»

Il espère que le gouvernement fédéral s'impliquera financièrement pour que M. Corby et son équipe puissent transformer le bâtiment en un hommage durable au sport.

Ça pourrait aussi être une bénédiction touristique pour une ville balnéaire plus connue pour accueillir la plus vieille compagnie de bonbons du Canada, Ganong.

«Le basketball est énorme, il y a des gens qui voudraient marcher sur cet étage ou le voir ou jouer dessus, a déclaré M. MacEachern. Tout le monde n'a pas l'occasion d'avoir le plus vieux terrain de basket au monde devant eux.»