Les chats d'un ancien espion, le lapin blanc d'Alice au pays des merveilles et même Sherlock Holmes... Moscou et Londres, deux membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ont eu jeudi des échanges insolites dans leur guerre diplomatique autour de l'affaire Skripal.

«Nous sommes dans le théâtre de l'absurde», a asséné lors d'une réunion de la plus haute instance de l'ONU l'ambassadeur russe Vassily Nebenzia, en dénonçant les accusations sans fondement selon lui impliquant Moscou dans l'empoisonnement le 4 mars de l'ex-espion Sergueï Skripal et sa fille Ioulia.

Peu après, devant des homologues parfois médusés, le diplomate posait une série de questions à l'ambassadrice britannique Karen Pierce dont celle-ci: «Que sont devenus les chats des Skripal qui vivaient dans leur maison» censée avoir été contaminée? «Il y avait deux chats, deux cochons d'Inde. Que sont-ils devenus? Qu'est-il arrivé à ces animaux? Pourquoi personne ne parle d'eux? Leur sort est aussi un élément de preuve important».

Selon Vassily Nebenzia, toute cette affaire pourrait être le fruit d'une «méga-provocation de services secrets de certains pays» qu'il s'est refusé à identifier.

En fin de réunion, l'ambassadeur russe a demandé à reprendre la parole pour cette fois lire en anglais un extrait du conte Alice au pays des merveilles relatif à une absence de preuves. En scène, un «lapin blanc», «un roi», «une reine»...

Devant des journalistes, Karen Pierce a préféré de son côté ironiser sur le penchant attribué à Vassily Nebenzia de faire souvent référence à Sherlock Holmes.

«Permettre à des scientifiques russes d'enquêter sur un dossier dans lequel ils sont les auteurs les plus vraisemblables du crime... serait comme Scotland Yard invitant le professeur Moriarty», le principal ennemi de Sherlock Holmes, à participer à ses investigations, a-t-elle dit.