La pandémie a frappé fort auprès des démunies. Deux fois plus de femmes ont été exposées aux dures réalités de la rue. Devant cette urgence, Chez Doris leur a ouvert ses portes la nuit et a accéléré ses projets d’agrandissement. Marina Boulos, directrice générale du refuge pour femmes ouvert 24/7, revient sur cette année agitée qui a amené l’organisme montréalais à se réinventer.

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Au jour 1 du Grand Confinement, tout le personnel de Chez Doris s’est mis sur le pied de guerre. Lorsque les toilettes, cafés, restos, buanderies, bibliothèques, centres commerciaux et tant d’autres lieux publics ont été contraints de fermer, les femmes sans-abris ont perdu leurs repères et de nouvelles sont venues gonfler leurs rangs. « Quand nos activités s’arrêtaient, à 15 h, on leur remettait un sac avec un sandwich, une barre tendre et une bouteille d’eau, se souvient Marina Boulos. Pour rester au chaud jusqu’à l’ouverture des refuges d’urgence, à 20 h, elles se terraient dans le métro. »

Elle raconte qu’avec les mesures de distanciation sociale, les itinérantes trouvent difficilement de la place dans les dortoirs. Dehors, c’est la jungle. La communauté autochtone a même observé une augmentation de la violence à l’égard des femmes. Certaines subissent des viols et se font exploiter alors qu’elles sont droguées.

« Les femmes sans-abris dépendent de nos services pour être en sécurité, se ravitailler, aller aux toilettes, se laver, faire leur lessive et se procurer des vêtements, observe celle qui dirige la maison depuis six ans. On a dû se virer sur un dix cennes et trouver des solutions. » Des mesures sanitaires draconiennes – nettoyage des surfaces aux deux heures, installation de plexiglas, achat d’équipement de protection – ont été mises en place à toute vapeur. Les heures d’ouverture ont été prolongées pour offrir non plus seulement des services de jour, de 8 h 30 à 15 h, mais aussi de soir et de nuit. Le souper figure désormais au menu, en plus du petit-déjeuner et du dîner. Une petite victoire.

Deux employées et une cliente de Chez Doris nous racontent leur quotidien chamboulé depuis un an.

Chez Doris, jour et nuit… à effectifs réduits

Le 1er décembre 2020, Chez Doris devenait ainsi le seul refuge pour femmes ouvert 24/7 dans l’ouest du centre-ville de Montréal. Malgré tous les efforts et une montagne de bonne volonté, Chez Doris a dû toutefois revoir à la baisse le nombre de visites quotidiennes et les services offerts afin de respecter les deux mètres réglementaires. « On arrive à accueillir jusqu’à 40 femmes à la fois, soit 71 en moyenne par jour, indique Marina. Seules les sans-abris peuvent désormais rester toute la journée. Les autres peuvent venir uniquement sur rendez-vous pour profiter de nos services. »

Soins des pieds, gestion financière, consultation avec une infirmière, un psychiatre, un médecin, une étudiante en droit… L’horaire est affiché sur Internet et les rendez-vous se prennent par téléphone. « C’est dur pour tout le monde, dit Marina. Avant, les femmes pouvaient s’attabler, se divertir, socialiser. À cause des restrictions, elles doivent partir une fois la rencontre terminée. »

La gaieté qui régnait autrefois dans la maison a fait place à l’anxiété. Des centaines de clientes qui n’ont accès ni à Internet ni au téléphone ont été perdues de vue. De façon générale, le taux d’occupation des organismes d’aide pour femmes a baissé cette année. « Le confinement va certainement laisser des traces, observe Marina. Après la pandémie, on devra revoir notre formule en fonction des nouveaux besoins. »

Car, fait étonnant, le quart de la clientèle qui fréquente aujourd’hui Chez Doris n’y avait jamais mis les pieds. La plupart souffrent de problèmes de santé mentale non diagnostiqués. D’autres ont perdu leur logement à la suite d’un malheureux concours de circonstances.

CRÉDIT PHOTO : ELAINE LOUW GRAHAM

Dormir en paix

Mais à quelque chose malheur est bon. Alors que le système de santé est débordé, les organismes caritatifs prennent le relais. Ainsi, Chez Doris ne se contentera pas d’ouvrir, en décembre prochain, un refuge de nuit de 22 places dans l’édifice tout près; l’organisme prévoit aussi la construction d’une résidence de 26 studios en location, avec une multitude de services d’accompagnement. Une autre belle victoire.

« L’âge moyen de notre clientèle est de 56 ans. Ces femmes pourraient être vos sœurs, vos tantes, vos mères… Ça prend beaucoup de ressources et un gros coup de main pour sortir de l’itinérance. Mais s’installer chez soi et dormir en paix, c’est inestimable », conclut Marina.

« Chez Doris jette les bases d’une solution à long terme avec ses projets d’agrandissement. Le nombre de places offertes à Montréal pour les femmes itinérantes est insuffisant. Les femmes représentent le quart de la population sans-abri, mais seuls 10 % des lits d'hébergement permanents leur sont réservés. Plus que jamais, c’est important de donner. » – François Carrier, directeur général et chef Financement aux sociétés chez Desjardins, coprésident d’honneur de la campagne Chez Doris, jour et nuit

« Chez Doris fait bien plus que distribuer des repas aux femmes sans-abris. Les programmes en place leur procurent une base pour se reconstruire. Elles reçoivent des conseils sans se faire juger. » – Elizabeth Wirth, présidente de Wirth Rail, coprésidente d’honneur de la campagne Chez Doris, jour et nuit

Faites un don à Chez Doris pour aider les femmes en difficulté