La dangereuse pollution atmosphérique qui flotte sur le nord de l'Inde ces derniers jours ne dissuade pas les touristes de se rendre au célèbre Taj Mahal, a constaté une équipe de l'AFP.

Chaque année, environ 8 millions de personnes, à 90 % des Indiens, visitent l'emblématique mausolée de marbre blanc construit au XVIIe siècle par l'empereur moghol Shah Jahan à la mémoire de sa femme Mumtaz Mahal.

Mardi, alors que l'air présentait des niveaux de pollution néfastes pour la santé, seule une poignée des 10 000 visiteurs quotidiens portait des masques de protection, généralement des étrangers.

« Respirer de l'air sale affecte notre santé directement et instantanément », a déclaré à l'AFP un touriste japonais portant un masque et qui n'a pas souhaité donner son nom.

« Je sens que ma poitrine est encombrée et j'ai les yeux qui pleurent. Nous utilisons des masques, mais je ne sais pas dans quelle mesure ils fonctionnent », a-t-il ajouté.

« L'air est vraiment mauvais ici et nous sommes inquiets pour nos enfants », a témoigné Neelofar, une touriste venue d'Iran.

Chaque année au début de l'hiver, une conjonction de facteurs naturels (froid, vents faibles, etc.) et humains (brûlis agricoles, émissions industrielles et des automobiles, feux pour se réchauffer, etc.) fait monter la pollution à des niveaux alarmants dans le nord de l'Inde.

La saleté de l'atmosphère a pour conséquence de longue date de jaunir l'éblouissant marbre blanc du Taj Mahal, situé à 200 kilomètres au sud de la capitale New Delhi.

Pour lui redonner son éclat virginal, les conservateurs doivent appliquer des couches de boue sur sa façade pour absorber les impuretés, ce qui fait qu'il est souvent en chantier.

Les autorités ont fait une large publicité autour du déploiement cette semaine d'un grand purificateur d'air, en extérieur, à proximité de ce monument parmi les plus célèbres au monde. Ce dispositif est installé sur un stationnement de voitures et bus à plus d'un kilomètre du site, a constaté l'AFP.

Le purificateur « est déployé à des endroits où les niveaux de pollution sont élevés pour nettoyer l'air », a indiqué Bhuvan Yadav, responsable de l'organisme local de contrôle de la pollution.

« Mais nous n'avons pas de données empiriques pour savoir si c'est efficace pour nettoyer l'atmosphère », a-t-il reconnu.

Chaque saison de pollution en Inde s'accompagne de son lot d'initiatives à l'efficacité scientifique douteuse. On a ainsi pu voir, ces dernières années, des pompiers asperger à la lance à incendie un carrefour de Delhi du haut d'un bâtiment ou un brumisateur géant être installé devant une station de métro.

Ces expériences n'ont pas été reconduites.