Lorsque deux hypersensibles comme Dinara Safina et Svetlana Kuznetsova s'affrontent pour un titre du Grand Chelem, la victoire revient à celle qui sait le mieux maîtriser ses émotions: la finale de Roland-Garros, samedi, ne devrait pas échapper à la règle.

A 23 ans, les deux Russes ne sont ni l'une ni l'autre des novices sur un circuit féminin où l'on fait généralement ses premiers pas à l'adolescence.

Safina en sera à sa troisième finale pour 27 tournois du Grand Chelem disputés et Kuznetsova à sa quatrième en 28 tentatives. Mais leurs précédentes expériences à l'approche de la consécration ont eu tendance à mal se passer.

L'an passé à Paris, la soeur cadette de Marat Safin avait perdu contre une autre grande inquiète, la Serbe Ana Ivanovic. Au dernier Open d'Australie, confrontée à son contraire du point de vue du conditionnement mental, Serena Williams, elle s'était effondrée en finale: 6-0, 6-3.

Kuznetsova, elle, a déjà gagné un tournoi du Grand Chelem. C'était il y a déjà cinq saisons, à l'US Open, à une époque où elle était encore trop jeune, à 19 ans, pour prendre pleinement conscience de l'enjeu.

Depuis, cette fille de champions cyclistes n'a que partiellement confirmé les promesses nées de cette victoire précoce, en partie à cause d'une fragilité mentale qui se traduit par une grande difficulté à boucler les fins de sets et de matches.

Relations amicales

Membre presque indéboulonnable du Top 10, voire du Top 5, elle n'a gagné que cinq des 18 finales jouées depuis, dont deux majeures (Roland-Garros 2006 et US Open 2007), perdues contre Justine Henin.

«Il faut que j'entre sur le court pour prendre du plaisir. Ces derniers temps, ça n'a pas été le cas lors de mes finales. Je pensais à trop de choses», reconnaît-elle.

La fameuse pression jouera donc un rôle plus primordial que jamais dans ce sommet, le deuxième entièrement russe après celui remporté par Anastasia Myskina contre Elena Dementieva en 2004.

Elle sera double sur les épaules de Safina qui doit aussi légitimer un statut de N.1 mondiale obtenu en avril avec un palmarès vierge de titre majeur.

«Est-ce que j'ai l'air fatiguée ou stressée ? Non, non. Je me sens très bien», a assuré la championne, avec un brin d'ironie.

Sur le plan tennistique, le match s'annonce équilibré.

Certes Safina a remporté cinq de leurs six derniers duels, mais Kuznetsova, 7e mondiale, est la seule joueuse à avoir fait chuter sa compatriote sur terre battue cette saison, à Stuttgart.

Les deux rivales, formées en grande partie en Espagne, partagent le même goût pour la surface, où leur jeu de fond de court fondé sur la puissance atteint son efficacité maximale.

Alors que Kuznetsova est surtout dangereuse en coup droit, Safina a une panoplie plus complète avec également un excellent revers, mais Kuznetsova a l'avantage d'une plus grande mobilité.

Il n'y aura en tout cas aucun effet de surprise car, même si Safina est de Moscou et Kuznetsova de Saint-Pétersbourg, elles se connaissent depuis fort longtemps et entretiennent d'ailleurs des relations amicales malgré la rivalité sportive.