Iga Świątek (1) et Jessica Pegula (8) nous ont offert l’un des matchs les plus bizarres de ces Internationaux des États-Unis, mercredi soir. La Polonaise a finalement disposé de l’Américaine en deux manches de 6-3 et 7-6 (4) pour passer en demi-finale.

Inconstance. Il s’agit du meilleur mot pour résumer ce match. Habituellement, les deux joueuses sont des horloges suisses, réglées au quart de tour. Or, le match de mercredi soir aura été aux antipodes de ce à quoi les deux athlètes nous ont habitués depuis le début de la saison.

D’un côté, la numéro un mondial, qui peut déjà faire une place au-dessus de son foyer pour le trophée de la joueuse de l’année avec ses six titres. De l’autre, une joueuse qui a connu l’une des plus belles progressions au cours des derniers mois, et qui ne cesse de grimper au classement.

Tout était en place pour que cette soirée fraîche dans la Grosse Pomme soit le théâtre d’un grand match.

L’autre Jessica Pegula

Le premier jeu de la rencontre a répondu aux attentes. Un long duel de huit minutes pendant lequel Świątek a sauvé une balle de bris. Cependant, les choses se sont envenimées pour Pegula à partir de la mi-manche. Même si elle a brisé son adversaire au cinquième jeu, elle s’est complètement liquéfiée durant le reste de la manche. Elle a elle-même été brisée à deux reprises, dont une fois lorsqu’elle menait 30-0, en raison de trop nombreuses fautes directes.

PHOTO ROBERT DEUTSCH, USA TODAY SPORTS

Jessica Pegula et Iga Świątek

Świątek n’est pas au sommet du classement pour rien, certes. Par contre, Pegula n’était plus que l’ombre d’elle-même. Ses deux armes de prédilection, son revers parallèle long de ligne et son coup droit en croisé, n’étaient aucunement menaçants. La Polonaise touchait à toutes les balles, ce qui a poussé la joueuse de 28 ans à commettre plusieurs erreurs impardonnables.

Pegula est reconnue pour être une joueuse posée, calme et concentrée. Sauf qu’à certains moments, elle a lancé sa raquette, frappé une balle dans les gradins et crié son mécontentement. Trois choses inhabituelles chez l’Américaine, qui était en train de se battre elle-même.

Le service qui ne passe pas

Pegula a repris du poil de la bête en deuxième manche, mais cette deuxième moitié de rencontre a été une avalanche de bris de service. Sur les 12 jeux ayant mené au jeu décisif, 10 se sont soldés par un bris de service de part et d’autre.

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Jessica Pegula

Ce qui signifie que soit les joueuses en arrachaient au service, soit elles étaient dominantes en retour. La première hypothèse semble la plus valide. Świątek a remporté 50 % de ses points en premier service et 48 % en deuxième, tandis que Pegula a obtenu un ratio de 52 % et 21 % dans ces deux mêmes catégories.

D’ailleurs, les deux joueuses se sont emmêlé les pinceaux à plusieurs reprises, surtout du côté de l’Américaine, qui a commis 29 fautes directes et réussi seulement 14 coups gagnants.

Cette partie s’est jouée dans les détails. À savoir qui allait en négliger le moins.

Il y aura très peu de choses à retenir sur le plan technique pour les deux joueuses. Cependant, avec un pas de recul, les deux pourront bâtir sur ce qui s’est produit.

D’un côté, il s’agit d’une huitième victoire consécutive pour Świątek contre une joueuse du top 10, ce qui confirme qu’elle a bel et bien sa place sur le trône.

De l’autre, Pegula conclut une excellente saison en tournois du Grand Chelem, après avoir atteint les quarts de finale dans trois des quatre tournois. Plateau qu’elle avait atteint à un seul tournoi avant 2022. Elle pourra aussi retenir qu’elle a failli revenir de l’arrière contre la meilleure joueuse au monde dans un match qui avait très mal commencé.

Świątek continue

Il s’agira donc de la troisième demi-finale pour Świątek en tournoi majeur cette saison. La gagnante du tournoi de Roland-Garros affrontera Aryna Sabalenka (6).

« Je ne m’attendais pas à ça au début du tournoi, a souligné Świątek après la rencontre, je voulais seulement donner mon maximum. »

Cette saison remarquable pour l’athlète de 21 ans pourrait se poursuivre de manière grandiose.

Elle est en quête de son troisième titre majeur en carrière, mais elle devra assurément apporter des modifications à son jeu, parce que la Biélorusse ne sera pas une proie facile. Elle a atteint la demi-finale l’année dernière à ce même tournoi et elle vient de se débarrasser de Danielle Collins (19) et de Karolína Plíšková (22).