La bataille s’annonçait rude, et elle l’a été jusqu’au milieu de la troisième manche. Denis Shapovalov s’est débarrassé non sans peine de Rafael Nadal, visiblement diminué, par le pointage de 1-6, 7-5 et 6-2, jeudi, au tournoi de Rome. L’heure de la rédemption a-t-elle sonné pour le Canadien ?

Le public romain a revu le Shapovalov des beaux jours sur le court central, lors de son match de huitièmes de finale. La tendance n’était cependant pas favorable à l’Ontarien, qui avait perdu quatre de ses cinq duels en carrière contre l’Espagnol.

Le match avait commencé rondement pour lui, alors qu’il s’est incliné 6-1 au premier set. Rien n’allait pour le Canadien, coupable de 17 fautes directes. Shapo savait que la tâche n’allait pas être simple contre celui qui a remporté plus de 90 % de ses matchs sur terre battue en carrière.

En deuxième manche, le Canadien a repris sur lui et avec le soutien de la foule italienne, il a pris les devants 4 à 1. Nadal n’allait pas le laisser filer si rapidement. L’Espagnol avait encore au travers de la gorge sa défaite contre son jeune compatriote de 19 ans Carlos Alcaraz, qui l’avait battu la semaine dernière, en quart de finale, chez eux à Madrid.

Sauf que Shapovalov a continué de monter au filet et d’exercer une pression constante sur le vainqueur de 21 titres en tournois de Grand Chelem, et ça a payé. Nadal a été victime de 19 fautes directes. Le Canadien a mis la main sur la deuxième manche au compte de 7-5.

La troisième manche a été l’affaire de Shapo de bout en bout. Combatif, précis et tenace, l’athlète de 23 ans a fait bouger énormément le vétéran, et ce dernier en a payé le prix. En se rendant à une balle, Nadal s’est blessé au pied, le même qui l’avait tenu à l’écart pendant plusieurs mois à la fin de la dernière saison. Dans la deuxième moitié de la manche, l’Espagnol boitait et était visiblement mal en point. À l’image des grands champions, il a quand même tenu à terminer le match, mais Shapovalov a eu le dessus au compte de 6-2.

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Denis Shapovalov célèbre après sa victoire.

À cet effet, Nadal a apporté des précisions après la rencontre : « Je ne me suis pas blessé. Je suis un joueur qui doit vivre avec des blessures. C’est tout. Mon quotidien est difficile, honnêtement, et c’est parfois difficile de l’accepter. » Il a aussi ajouté qu’il ne savait quel serait son état dans une semaine. Il est dans le néant face à la situation.

Le vainqueur du duel a expliqué à quel point il trouvait dommage que le match se termine de cette façon : « C’était difficile de le voir souffrir à la fin du match. Je n’aime pas voir ça, surtout lorsque ça affecte un joueur légendaire comme Rafa. Il apporte tellement à notre sport. J’espère qu’il sera en forme et prêt à jouer [à Roland-Garros]. »

L’Espagnol est atteint du syndrome de Muller-Weiss, qui entraîne notamment une nécrose de l’os naviculaire. Cette maladie rare est incurable et Nadal avait dû mettre un terme à sa saison 2021 en août en raison de douleurs trop fortes.

« C’est frustrant parfois quand je ne peux pas m’entraîner normalement pendant plusieurs jours, a-t-il indiqué jeudi. [Jeudi], ça a recommencé [à me faire souffrir] au milieu du deuxième set, et c’est devenu insupportable. »

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Rafael Nadal

Cette victoire reste hautement significative pour Shapovalov. D’abord, parce qu’il est venu à bout de l’une de ses bêtes noires. Ensuite, parce qu’il s’agit de la sortie la plus hâtive de Nadal au tournoi de Rome depuis 2008. Enfin, parce que le Canadien a de la difficulté habituellement contre des joueurs positionnés dans le top 10, comme sa fiche de 10-21 le montre. Il a battu Alexander Zverev aux Internationaux d’Australie en janvier, mais sinon, depuis sa défaite contre Novak Djokovic à Wimbledon en demi-finale l’été dernier, le jeu de Shapo est inconstant, voire nettement en deçà de son niveau habituel.

Il aura maintenant la chance de montrer à tout le monde qu’il est de nouveau apte à rivaliser avec les meilleurs au monde, puisqu’il affrontera Casper Ruud, 10joueur mondial et spécialiste de la terre battue, en quarts de finale.

Auger-Aliassime et Andreescu passent

Aussi en action jeudi, les autres Canadiens toujours en action à Rome se sont taillé une place en quarts de finale.

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Félix Auger-Aliassime

Félix Auger-Aliassime a vaincu Marcos Giron 6-3 et 6-2, mais il se mesurera à Novak Djokovic, jeudi.

Bianca Andreescu a continué d’impressionner depuis son retour en battant Petra Martić 6-4 et 6-4. Toutefois, comme son compatriote, elle affrontera la numéro un mondiale, Iga Świątek. La Polonaise a remporté les quatre derniers tournois auxquels elle a participé.

Puis, en double féminin, Gabriela Dabrowski et sa partenaire Giuliana Olmos joueront aussi en quarts de finale, jeudi. Classées deuxièmes têtes de série, elles affronteront le duo composé de Chan Hao-ching et Shuko Aoyama, classées huitièmes.