(Monte-Carlo) Après quatre mois quasiment sans jouer en compétition, Novak Djokovic s’est incliné d’entrée à Monte-Carlo, prouvant à ses dépens à quel point le tennis de haut niveau réclame des réglages très fins aussi bien physiquement que mentalement.

Le Serbe ne manquait pas d’envie, lui qui n’avait joué que trois matchs, en février à Dubaï, depuis la demi-finale de Coupe Davis début décembre 2021.

Et physiquement, le N.1 mondial avait eu tout le temps de se préparer — depuis des semaines il s’entraînait sur les courts du Monte-Carlo Country Club —, lui qui est si à cheval sur tout ce qui touche à son corps. Au point de refuser le vaccin anticovid, cause de son expulsion d’Australie en janvier et de son impossibilité de jouer à Indian Wells et Miami.

Or, à l’écouter, c’est justement son physique qui l’a trahi mardi face à Alejandro Davidovich après trois heures de combat, finalement perdu 6-3, 6-7 (5/7), 6-1.

Après avoir égalisé à une manche partout, Djokovic semblait pourtant être redevenu la machine à gagner qu’il avait été tout au long de la saison 2021.

Mais soudain, « je me suis effondré physiquement, je ne pouvais plus me déplacer », a-t-il expliqué, ajoutant qu’il « n’aimait pas » ressentir ce qu’il avait alors ressenti.

Reprendre à zéro

« Avec mon équipe, nous allons essayer de comprendre pourquoi c’est arrivé, nous allons reprendre à zéro et j’espère que je me sentirai mieux la semaine prochaine à Belgrade » pour le tournoi ATP 250, a-t-il ajouté.

Outre le physique, Djokovic a rappelé que la terre battue n’était pas sa meilleure surface et qu’il n’avait jamais été très performant lors des premiers tournois de la saison sur cette surface. Les statistiques le confirment : depuis son second titre à Monte-Carlo en 2015, il n’y a jamais dépassé les quarts. Alors que sur la même période il a remporté ensuite deux fois Rome (2015, 2020), deux fois Madrid (2016 et 2019), et deux fois Roland-Garros (2016 et 2021).

Les joueurs considèrent que le passage du dur à la terre battue est particulièrement compliqué, à l’image de Carlos Alcaraz qui a été éliminé dès son entrée en lice mercredi à Monte-Carlo alors qu’il avait été demi-finaliste à Indian Wells et titré à Miami juste avant.

Mais dans le cas de Djokovic, dont le dur est la surface de prédilection (9 titres aux Internationaux d’Australie et 3 aux Internationaux des États-Unis), la question de l’adaptation ne se pose pas cette année puisqu’il n’avait pas été autorisé à entrer aux États-Unis.

« La performance est systémique, elle est liée à beaucoup de paramètres. À haut niveau, le moindre grain de sable peut perturber l’athlète », souligne pour l’AFP la psychologue Meriem Salmi, habituée à travailler avec des champions.

Pas le même vécu

Et si l’échec de Djokovic rappelle forcément, par opposé, l’exploit de Rafael Nadal qui a remporté en janvier en Australie son 21e titre du Grand Chelem en n’ayant pas joué tout au long du second semestre 2021 à cause d’une blessure au pied, Mme Salmi souligne l’impossibilité de comparer les deux situations.

« Il faut distinguer un arrêt sur blessure d’un arrêt sur une interdiction. Ce qu’a vécu Djokovic est perturbant. On pense que les grands athlètes sont insensibles, mais non ! Ce sont des êtres humains », relève-t-elle en insistant : « On ne peut pas comparer leurs reprises (de Djokovic et Nadal, NDLR), le vécu n’est pas le même ».

Le manque de compétition est certes un facteur difficile à gérer. Stan Wawrinka, Jo-Wilfried Tsonga ou encore Dominic Thiem l’ont démontré récemment.

Dans le cas de Djokovic et de Nadal, ce facteur joue moins, car ils sont particulièrement exceptionnels et qu’ils s’appuient sur une immense expérience, tant de la compétition que de leur corps.

« Ils ont l’habitude et ils savent comment gérer », souligne Mme Salmi.

« Mais il peut aussi y avoir des éléments dans la vie privée qu’on ne connaît pas. Djokovic n’avait peut-être pas anticipé que ce serait aussi embêtant de ne pas être vacciné », avance-t-elle.