Souvent considérés comme le moins important des quatre tournois majeurs, les Internationaux d'Australie ont acquis cette année une dimension supérieure grâce aux jeux inspirés des meilleurs joueurs du monde.

Le bouquet final, entre le Serbe Novak Djokovic et l'Espagnol Rafael Nadal, a tourné au feu d'artifice. Les numéros un et deux mondiaux sont allés au bout de leurs forces, luttant pendant cinq heures et 53 minutes dans un duel incertain, avant que Djokovic ne s'impose 5-7, 6-4, 6-2, 6-7(5), 7-5.

Le Serbe, qui avait aussi dû jouer près de cinq heures en demi-finale contre Andy Murray vendredi, a été plus régulier au service, plus décisif dans les échanges et il a mérité un cinquième titre majeur en carrière (un troisième en Australie), contre dix pour son rival.

Les deux joueurs ont eu leurs chances, Nadal ayant même l'avantage d'un bris dans la manche décisive, mais Djokovic a encore trouvé en lui des ressources insoupçonnées pour renverser la situation et s'imposer après plus de cinq heures et 50 minutes d'efforts acharnés.

«C'est la plus belle victoire de ma carrière, a estimé le Serbe en conférence de presse. Wimbledon vient avec, parce que c'est le tournoi que j'avais toujours rêvé de gagner, mais celle-ci passe devant parce qu'on a joué pendant six heures, c'est incroyable... Rafa est l'un des grands joueurs de l'histoire, l'un des plus respectés sur le circuit et c'est dommage qu'il ne puisse y avoir deux vainqueurs après un tel match. Nous avons écrit une page d'histoire ce soir...»

La rivalité entre les deux hommes a effectivement pris une dimension historique à Melbourne. D'abord parce que la finale a été la plus longue de l'histoire en Grand Chelem, mais aussi parce que Djokovic a rejoint Nadal, Roger Federer, Pete Sampras et Rod Laver avec trois victoires consécutives en tournois majeurs.

Le vieux maître australien, qui a remis les trophées aux finalistes tard dans la nuit, reste le seul à avoir remporté les quatre titres majeurs la même année, en 1962 et 1969. Djokovic pourrait l'imiter en partie dès le prochain grand tournoi, les Internationaux de France à Roland-Garros. En cas de victoire, le Serbe détiendrait simultanément les quatre titres du Grand Chelem sur deux saisons différentes.

> Philippe Cantin: Un grand chelem pour Djokovic?

«Les tournois du Grand Chelem sont ma priorité cette saison, avec les Jeux olympiques, a expliqué Djokovic. Je veux évidemment bien faire à Paris et aller pour la première fois en finale. Je n'y suis jamais allé et j'ai le sentiment que cette année je suis prêt pour ça.»



Nadal est venu bien près


Rafael Nadal a subi une septième défaite consécutive contre Djokovic, devenant le premier joueur à perdre trois finales consécutives en Grand Chelem après Wimbledon et le US Open en 2011, toujours devant le Serbe. Il a toutefois offert une superbe résistance et est venu bien près d'enfin venir à bout de son «bourreau».

«Novak a encore été fantastique et je suis heureux d'avoir pu jouer un tel match, l'un des plus grand de ma carrière, même si je l'ai perdu, a salué Nadal, sur le court, après la finale. C'est dur de perdre, surtout de cette façon, mais je suis heureux d'entreprendre la saison de cette façon. Je n'avais sans doute jamais joué aussi bien depuis plus d'un an.»

Nadal, qui doit prendre une pause de plusieurs semaines après ce tournoi, sait qu'il retrouvera ensuite sa terre battue de prédilection. Les retrouvailles des deux hommes en finale à Roland-Garros seraient à coup sûr un autre duel mémorable.

Djokovic devra certes se méfier des «pièges» et se rappeler que c'est à Paris qu'il a subi son dernier revers en Grand Chelem, en demi-finale l'an dernier contre Federer. Mais qui oserait parier contre lui après sa performance australienne?