Vers 22h, heure de Paris, le ciel s'est déchiré au-dessus de la Sarthe. Encore une fois. Pris de court, les pilotes engagés dans la dernière séance d'essais qualificatifs ont multiplié les tête-à-queue et visites dans le bac à gravier. Le coéquipier de Jacques Villeneuve, Marc Gené, a poursuivi sa route un peu trop loin dans le virage d'Arnage avant de taper «légèrement» dans le mur de pneus, alors que Sébastien Bourdais abîmait sa carrosserie après une glissade dans le virage Ford.

Vers 22h, heure de Paris, le ciel s'est déchiré au-dessus de la Sarthe. Encore une fois. Pris de court, les pilotes engagés dans la dernière séance d'essais qualificatifs ont multiplié les tête-à-queue et visites dans le bac à gravier. Le coéquipier de Jacques Villeneuve, Marc Gené, a poursuivi sa route un peu trop loin dans le virage d'Arnage avant de taper «légèrement» dans le mur de pneus, alors que Sébastien Bourdais abîmait sa carrosserie après une glissade dans le virage Ford.

«J'ai fait une petite faute en bloquant les roues avant, a dit Gené après la séance. L'auto a tapé de l'avant sans gravité. Je suis évidemment très, très déçu car nous n'avons pas pu achever le travail prévu.»

Villeneuve, lui, s'est payé une bonne frayeur. «Une partie du circuit emprunte une route nationale avec beaucoup de flaques d'eau. J'ai fait de l'aquaplaning sur 50 mètres !»

En raison des conditions météo exécrables, les temps réalisés hier soir n'ont rien à voir avec les tours canons enregistrés la veille. La Peugeot No 8 de Sébastien Bourdais, Stéphane Sarrazin et Pedro Lamy conserve donc la pole arrachée mercredi, tandis que le trio composé de Villeneuve, Gené et Nicolas Minassian s'élancera de la troisième place.

Ironiquement, partir de la position de tête n'a pas la même signification aux 24 Heures du Mans qu'en Formule 1. À quoi bon dominer la ligne de départ si on doit la franchir près de 400 fois par la suite ?

«C'est juste pour la télé», persiflait hier le journaliste Glen Freemann, du magazine Autosport, qui couvre ses troisièmes 24 Heures du Mans.

«Tout le monde sait qu'ici, on peut partir dernier et quand même remporter la victoire.»

Le pilote Audi Allan McNish, auteur du meilleur chrono hier en 4min01,57s, admet qu'il paraît absurde de se battre pendant deux jours pour la pole. Mais il ajoute que l'instinct du pilote prend très vite le dessus.

«Assoyez un coureur dans un baquet et il se mettra à aligner les chronos. C'est plus fort que lui», dit-il de son fort accent écossais.

«La pole que j'ai enlevée ici en 2000 est un des trophées dont je suis le plus fier. Ça montre qu'on est là pour quelque chose, c'est une sorte de mise en garde aux autres coureurs.»

Plus pragmatique, Villeneuve ajoute que la pole évite de recevoir une volée de gravier dans le pare-brise à la ligne de départ. Cinquante-quatre voitures qui démarrent toutes en même temps, ça soulève du goudron !

Hier, le Québécois a de nouveau laissé à son collègue Minassian la chasse au tour le plus rapide. «Nous travaillons surtout sur les pneus - autant que le permette la météo. L'important, c'est de savoir combien de tours on peut accomplir sans changer de pneumatiques pendant la course. Comme ça, on économise près de 20 secondes aux arrêts.»

Au-delà de la météo et de la stratégie, les pilotes Peugeot ont constaté ce qu'il faut vraiment pour remporter les 24 Heures du Mans. À l'autre bout des puits, leurs adversaires ont ramené leur Audi R10 sans la moindre égratignure, prête pour la course de demain.

«Il peut se produire tellement de choses pendant cette épreuve, a dit Tom Kristensen, septuple champion des lieux pour la marque allemande. Et c'est lorsque vous vous sentez finalement en confiance que vous êtes le plus à risque...»

Hier, le Danois irradiait de cette confiance qui émane des grands champions. Rien de compliqué. Juste de la constance, du rythme.

La nuit sera longue, très longue, demain, sur les routes de la Sarthe.