(Nations unies) Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé lundi qu’il répondrait d’ici fin avril à la demande d’adhésion pleine et entière des Palestiniens aux Nations unies, une démarche qualifiée d’« historique » par les Palestiniens et dénoncée avec virulence par Israël.

« Le Conseil a décidé que cette délibération devrait avoir lieu lors du mois d’avril », a déclaré l’ambassadrice maltaise Vanessa Frazier, qui assure la présidence tournante du Conseil.

En septembre 2011, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait lancé la procédure demandant « l’adhésion de l’État de Palestine à l’ONU », qui n’était jamais allée à son terme. Les Palestiniens avaient obtenu finalement en novembre 2012 le statut « d’État non membre observateur ».

Mettant en avant l’offensive israélienne à Gaza, ils ont la semaine dernière relancé leur demande d’adhésion dans un courrier adressé au Conseil de sécurité, qui a lui enclenché lundi le processus d’examen.

« C’est un moment historique », a commenté l’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour. Même si un succès est plus qu’improbable.

Il faudrait en effet d’abord une recommandation positive du Conseil de sécurité (au moins neuf votes pour, sans veto d’un membre permanent), puis un vote à une majorité des deux tiers à l’Assemblée générale. Mais les observateurs prédisent un veto des États-Unis, qui s’étaient déjà opposés à cette adhésion en 2011.

« Notre position est connue et n’a pas changé », a répété lundi l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield à l’issue de la première réunion à huis clos du « comité sur l’admission de nouveaux membres », une formation ad hoc du Conseil.

Les États-Unis estiment que l’ONU n’est pas le lieu pour la reconnaissance d’un État palestinien, qui devrait selon eux être issu d’un accord entre Israël et les Palestiniens.

Ils mettent également en avant une loi américaine qui prévoit de couper le financement de l’ONU si le Conseil de sécurité accepte un État palestinien hors d’un tel accord bilatéral.

Malgré tout, les membres du Conseil ont décidé que le travail du comité sur l’admission « est utile et donc que le comité se réunira à nouveau jeudi », a indiqué l’ambassadrice maltaise.

« Place légitime »

L’ambassadeur israélien à l’ONU Gilad Erdan a lui dénoncé avec virulence la requête palestinienne.

« Le Conseil de sécurité discute en ce moment de la reconnaissance d’un État “palestinazi” », a-t-il lancé à la tribune de l’Assemblée générale.

Le simple examen de cette requête est « déjà une victoire » pour ceux qui ont commis et soutenu les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre, a-t-il ajouté, estimant comme les Américains qu’un État palestinien devrait être issue de négociations pour « une solution durable » – négociations au point mort depuis des années.

Le gouvernement israélien s’oppose à la solution à deux États, défendue par une grande majorité de la communauté internationale, dont les États-Unis.

« Tout ce que nous demandons, c’est de prendre notre place légitime au sein de la communauté des Nations », a plaidé Riyad Mansour, qui espère un vote du Conseil de sécurité le 18 avril.

Interrogé sur l’existence d’un projet de résolution en ce sens, l’ambassadeur algérien Amar Bendjama a répondu : « pas encore, mais bientôt ».

En cas de veto américain, ce ne serait pas la première fois qu’une demande d’adhésion à l’ONU serait bloquée au Conseil de sécurité.  

Pendant la Guerre froide, les États-Unis et l’Union soviétique avaient plusieurs fois bloqué l’entrée de pays alliés de l’autre bloc. Le dernier veto date de 1976, quand les Américains avaient bloqué l’entrée du Vietnam.