La trêve dans les combats entre Israël et le Hamas va débuter vendredi matin et un premier groupe de 13 otages sera libéré dans l’après-midi, a annoncé jeudi le Qatar, le Hamas confirmant l’échange avec des prisonniers palestiniens.

Ce qu’il faut savoir

  • La trêve débutera à 7 h (locales, 0 h heure de l’Est) vendredi et le premier groupe de civils otages sera libéré aux alentours de 16 h le même jour (9 h heure de l’Est).
  • La branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, a déclaré dans un communiqué que la trêve « durera quatre jours à compter de vendredi matin et comprend un arrêt complet des activités militaires ».
  • Pendant cette période, « 50 prisonniers sionistes (otages, NDLR) femmes et enfants de moins de 19 ans seront libérés » en contrepartie, pour chacun d’entre eux, de la libération de « trois prisonniers palestiniens, femmes et enfants ».
  • Khaled Abou Samra, chef de service à l’hôpital al-Chifa de la ville de Gaza, a annoncé l’arrestation du directeur de l’établissement, actuellement sous le contrôle de l’armée israélienne qui dit y chercher des installations militaires du Hamas.
  • La nuit a été particulièrement dure dans le sud de la bande de Gaza, avec des frappes qui n’ont pas cessé sur Khan Younès. Des journalistes de l’AFP à Rafah ont rapporté que ces frappes pourtant à plusieurs kilomètres faisaient trembler les maisons de la ville frontalière de l’Égypte.
  • Le Djihad islamique a de son côté fait état de combats au cœur de la ville de Gaza, dans le nord, où les troupes israéliennes opèrent également au sol.

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Bilans

  • Selon un dernier bilan du gouvernement du Hamas, 14 854 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis le 7 octobre, dont 6150 enfants et 4000 femmes.
  • Côté israélien, l’attaque du Hamas a fait 1200 morts, majoritairement des civils tués le 7 octobre, selon les autorités. Selon l’armée, 68 soldats ont été tués dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre.

« La pause humanitaire débutera à 7 h (0 h heure de l’Est) vendredi », a déclaré le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed Al-Ansari, indiquant que 13 otages femmes et enfants retenus dans la bande de Gaza seraient libérés « aux alentours de 16 h (9 h heure de l’Est) le même jour », alors que les bombardements israéliens dans le petit territoire assiégé se poursuivent jeudi.

Le Qatar, médiateur clé avec l’Égypte et les États-Unis, avait obtenu mercredi un accord portant sur une trêve de quatre jours renouvelable, doublée d’un échange de 50 otages retenus à Gaza contre 150 détenus palestiniens.

La branche armée du mouvement islamiste Hamas a confirmé jeudi le début de la trêve à 7 h vendredi, avec « un arrêt complet des activités militaires » pendant quatre jours, période pendant laquelle 50 otages, des « femmes et des enfants de moins de 19 ans », seront libérés, en contrepartie, pour chacun, de la libération de « trois prisonniers palestiniens, femmes et enfants ».   

PHOTO AHMAD GHARABLI, AGENCE FRANCE-PRESSE

À Tel-Aviv, un soldat israélien marche devant des photos d’otages retenus par le Hamas.

Israël a dit avoir « reçu une première liste de noms » d’otages. Des messages ont été envoyés à toutes les familles « dont les proches figurent sur la liste, ainsi qu’à toutes les familles de personnes enlevées », a dit l’ancien général israélien Gal Hirsch, référent pour ces proches.

Un responsable israélien a précisé à l’AFP qu’Israël recevrait la veille au soir une liste avec les noms des otages devant être relâchés le lendemain.

« Par ordre d’ancienneté »

Le Qatar n’a pas précisé le nombre de prisonniers palestiniens devant être relâchés vendredi.  

Israël avait précédemment diffusé une liste de 300 Palestiniens susceptibles d’être libérés, comptant 33 femmes et 267 jeunes de moins de 19 ans. Parmi ces détenus, 49 sont membres du Hamas.  

« Nous avons posé comme condition que […] les prisonniers femmes et enfants palestiniens » soient libérés « par ordre d’ancienneté » en détention, a déclaré Bassem Naïm, haut cadre du Hamas.

La plupart des prisonniers sont originaires de Cisjordanie occupée, mais cinq sont de Gaza, a précisé pour sa part le responsable israélien, sous couvert d’anonymat. Les Gazaouis « vont être renvoyés chez eux », entrant « probablement » dans Gaza par un point de passage israélien dans le sud du territoire, a-t-il poursuivi.

PHOTO VICTOR R. CAIVANO, ASSOCIATED PRESS

Des ambulances circulent à proximité d’un char israélien dans la bande de Gaza, le 22 novembre 2023.

Mercredi, la communauté internationale avait salué l’accord, y voyant un premier pas vers un cessez-le-feu durable. Cette trêve « ne peut pas seulement être une pause », avait toutefois averti l’ambassadeur palestinien à l’ONU, appelant à l’utiliser pour empêcher la « reprise de l’agression » israélienne.

La guerre a été déclenchée par l’attaque d’une ampleur et d’une violence inédites dans l’histoire d’Israël menée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien. Selon les autorités, 1200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées.

Environ 240 personnes ont été enlevées le jour de l’attaque.  

En représailles, Israël, qui a promis « d’anéantir » le Hamas, bombarde sans relâche la bande de Gaza, où 14 854 personnes ont été tuées, dont 6150 enfants, selon le gouvernement du Hamas.  

Directeur d’al-Chifa arrêté

Les frappes se sont poursuivies jeudi sur ce territoire de 360 km2, où Israël mène aussi une offensive terrestre depuis le 27 octobre.

Au moins 27 personnes ont été tuées et 93 autres blessées dans une frappe sur une école de l’ONU du nord de la ville de Gaza, a affirmé sous couvert d’anonymat un médecin de l’hôpital al-Awda du camp de Jabaliya, qu’il attribue à Israël.

L’AFP n’était pas en mesure de confirmer l’origine de la frappe et l’armée israélienne n’a pas réagi dans l’immédiat.

Le Djihad islamique palestinien, qui participe aux combats, a fait état d’affrontements au cœur de Gaza-ville, dans le nord. Dans le sud, les frappes ont visé la région de Khan Younès, d’où s’élevaient d’immenses colonnes de fumée noire, éclairées par les explosions des bombes.  

PHOTO MAHMUD HAMS, AGENCE FRANCE-PRESSE

La ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 novembre 2023

« Je pense qu’il y a encore une vingtaine de personnes sous les décombres », a déclaré à l’AFP un Palestinien à la recherche de survivants dans un bâtiment détruit à Bani Souheila, à l’est de la ville.

Dans la ville de Gaza, le directeur de l’hôpital al-Chifa, Mohammed Abou Salmiya, a été arrêté, selon un médecin du plus grand établissement de Gaza.  

Il a été « transféré pour être interrogé », a confirmé jeudi l’armée israélienne qui contrôle l’hôpital, où elle fouille des infrastructures militaires souterraines, utilisées selon elle par le Hamas. Ce dernier, qui dément, avait accusé Israël de mener la « guerre contre les hôpitaux ». Jeudi, le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qidreh, a affirmé que l’hôpital indonésien (nord) a été « violemment bombardé ».

« Incroyablement difficile »

Le gouvernement israélien avait approuvé l’accord de trêve malgré des dissensions internes.  

La principale association de familles d’otages s’était déclarée « heureuse » d’un accord pour une « libération partielle » d’otages.  

Maayan Zin a appris que ses deux filles ne faisaient pas partie des personnes devant être libérées vendredi.

« C’est incroyablement difficile pour moi », a-t-elle écrit sur X, bien que « soulagée pour les autres familles ».

Au moins 13 mères de famille sont otages à Gaza en compagnie de leurs 22 enfants de 18 ans ou moins, selon une base de données compilée par l’AFP.

A Jérusalem-Est occupée, la Palestinienne Samira Douayyat a évoqué la possible libération de sa fille Shourouk, 26 ans, qui aura purgé la moitié de sa peine de 16 ans de prison. « Je pleure, je ris, je tremble », dit-elle à l’AFP.

Trêve insuffisante

Les bombardements ont dévasté le territoire palestinien et provoqué une grave crise humanitaire selon l’ONU, avec notamment le déplacement d’environ 1,7 million des 2,4 millions d’habitants de Gaza, où l’aide entre au compte-gouttes.  

La trêve permettra l’entrée d’un « plus grand nombre de convois humanitaires et d’aide, y compris du carburant » qu’actuellement, selon le Qatar.

Mais elle est « insuffisante » pour faire entrer l’aide nécessaire à Gaza, ont souligné plusieurs ONG internationales, réclamant un véritable cessez-le-feu.

Malgré l’accord, Israël a affirmé que la guerre se poursuivrait. « Nous n’arrêtons pas la guerre. Nous continuerons jusqu’à la victoire », a affirmé jeudi le chef d’état-major israélien, le général Herzi Halevi, selon l’armée.

« Nous confirmons que nos mains resteront sur la gâchette », a averti de son côté le mouvement palestinien, classé organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne.

« Une trêve pour faire entrer de l’aide, nous n’en voulons pas. Nous voulons rentrer chez nous », a lancé Maysara Assabagh, 42 ans, qui est réfugié à Khan Younès.

La guerre fait craindre une escalade régionale alors que les alliés pro-Iraniens du Hamas, le Hezbollah libanais et les houthis yéménites, visent le territoire israélien.

Le Hezbollah a revendiqué jeudi au moins une vingtaine d’attaques contre différentes positions israéliennes frontalières. L’armée israélienne a dit avoir répliqué, visant notamment des sites de lancement de roquettes au Liban.