(Saïda) Un responsable militaire du Fatah, principale organisation palestinienne et quatre de ses « camarades » ont été tués depuis samedi, a indiqué la formation, portant à six le nombre de morts dans les affrontements opposant le Fatah à des groupes islamistes, dans le plus grand camp palestinien au Liban.

Une seconde source palestinienne à l’intérieur du camp avait indiqué, sous couvert de l’anonymat que les affrontements survenus dans la nuit de samedi à dimanche avaient opposé des membres du Fatah, mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas, à des groupes islamistes du camp.

Un « islamiste du groupe al-Shabab al-Muslim » a été tué et six autres personnes, dont un dirigeant du groupe, ont été blessées, selon la même source.

L’agence officielle libanaise ANI a fait état d’un « bilan provisoire » de six morts et de plus d’une trentaine de blessés, ajoutant que des balles perdues avaient endommagé des habitations à Saïda, tandis que des obus avaient explosé dans les environs du camp, faisant des blessés.

Ces affrontements nocturnes ont repris au cours de la journée et se sont poursuivis dans l’après-midi, selon un photographe de l’AFP et des médias locaux.

Un cessez-le-feu « immédiat » à compter de 18 h (11 h heure de l’Est) a été décidé lors d’une réunion de factions palestiniennes, dont le Fatah, en présence d’une délégation du mouvement chiite Amal et de représentants du puissant Hezbollah, selon un communiqué conjoint publié après la réunion.

Selon un journaliste de l’AFP, la fréquence des tirs dans le camp a relativement baissé en début de soirée.

Dans un communiqué dimanche après-midi, le Fatah a confirmé la mort du « commandant » Achraf al-Armouchi et de quatre de ses « camarades », lors d’une « opération odieuse », dénonçant un « crime abominable et lâche », visant à saper « la sécurité et la stabilité » des camps.

L’armée libanaise avait de son côté indiqué sur Twitter, rebaptisé « X », qu’un de ses soldats avait été blessé par des éclats d’« obus de mortier tombé dans un des postes militaires », résultant des affrontements à Aïn el-Héloué, ajoutant que son état de santé était stable.

Timing « suspect »

De son côté, le premier ministre libanais, Najib Mikati, a estimé que la date à laquelle sont survenus ces affrontements était « suspecte dans le contexte régional et international actuel », critiquant des « tentatives répétées d’utiliser le Liban » comme terrain d’affrontement « pour régler des comptes extérieurs aux dépens du Liban et des Libanais ».  

« Nous appelons les dirigeants palestiniens à coopérer avec l’armée pour contrôler la situation sécuritaire et remettre aux autorités libanaises ceux qui compromettent la sécurité », a-t-il ajouté, dans un communiqué de son bureau.

La présidence palestinienne a dénoncé dans un communiqué le « massacre odieux et l’assassinat terroriste » des membres du Fatah.

« Il s’agit d’une violation de toutes les lignes rouges et cela porte atteinte à la sécurité au Liban », ajoute le communiqué.

Des affrontements entre groupes rivaux ont souvent lieu à Aïn el-Héloué où vivent 54 000 réfugiés palestiniens, auxquels s’ajoutent des milliers d’autres Palestiniens ayant fui la guerre en Syrie.

En vertu d’un accord de longue date, l’armée ne pénètre pas dans les camps palestiniens où la sécurité est assurée par des factions palestiniennes.

En conséquence, il existe des zones de non-droit au sein des camps, et Aïn el-Héloué est connu pour avoir accueilli des extrémistes et des fugitifs.

Plus de 450 000 Palestiniens sont enregistrés en tant que réfugiés au Liban auprès de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).