(Kyiv) La Russie a effectué mardi de nouvelles frappes « massives » contre l’Ukraine, tuant au moins cinq civils et blessant 130 personnes principalement à Kyiv et Kharkiv, selon les autorités ukrainiennes qui réclament à leurs alliés occidentaux une aide militaire accrue.

Comme à son habitude, l’armée russe a quant à elle assuré n’avoir visé que des installations militaires qui ont toutes été « détruites » à l’aide de missiles de longue portée et de drones explosifs.

« Les trajectoires ont été spécialement calculées par l’ennemi pour causer le plus de dégâts possibles. C’est une terreur tout à fait consciente », a dénoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son adresse quotidienne.

Selon lui, la Russie a tiré près de 300 missiles et plus de 200 drones explosifs Shahed contre l’Ukraine depuis le 29 décembre.

La Russie « prend délibérément pour cible des infrastructures essentielles et des quartiers résidentiels », a dénoncé le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov.

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Une femme regarde un immeuble détruit à Kyiv.

L’armée ukrainienne a affirmé que la Russie avait tiré tôt mardi 99 missiles. Soixante-douze ont été abattus dont 10 Kinjal hypersoniques par des systèmes de défense antiaérienne Patriot, « un record ».

Le chef de cabinet du président ukrainien, Andriy Yermak, a indiqué dans la soirée avoir discuté de ces attaques avec le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, et de « l’importance de renforcer la défense aérienne de l’Ukraine ».

Le premier ministre britannique Rishi Sunak a assuré après ces frappes que le Royaume-Uni « continuerait de soutenir fermement l’Ukraine » en 2024, notamment via « de nouvelles livraisons » d’armes.

La cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a estimé qu’« avec chaque missile, Poutine montre qu’il veut anéantir l’Ukraine ». « Nous sommes aux côtés du peuple ukrainien tant qu’il a besoin de nous », a-t-elle assuré.

« Tas de ruines »

Le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a appelé mardi sur X, l’ancien Twitter, « à des mesures immédiates de désescalade, de protection des civils et de respect du droit international ».

À Kyiv, un immeuble du quartier de Solomianskiï, près du centre, a été en partie détruit. Deux personnes sont mortes et 49 autres ont été blessées, a annoncé son maire Vitali Klitschko.

« C’est l’horreur ! », clame sur place Galina Soloviova, une femme de 79 ans.

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Des véhicules détruits et des immeubles lourdement endommagés par des frappes russes, à Kyiv, le 2 janvier.

« Il n’y a plus rien dans l’appartement : plus d’eau, plus d’électricité, plus de gaz. Tout a été soufflé », dit sa fille, Violetta, 56 ans. « Ce n’est plus qu’un tas de ruines… »

Une autre habitante du bâtiment, Valentina Guerda, 53 ans, pointe du doigt les Russes : « Nous étions des frères, mais nous sommes devenus des ennemis », lâche-t-elle auprès de l’AFP. « Je souhaite donc qu’il leur arrive la même chose qu’à nous ! ».

Brièvement coupée dans la matinée pour plusieurs dizaines de milliers d’Ukrainiens, l’électricité a été « complètement » rétablie à Kyiv dans l’après-midi, s’est félicitée sur Telegram l’administration municipale.

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Un immeuble résidentiel endommagé par un tir de missile, dans le centre de Kharkiv.

La deuxième ville d’Ukraine, Kharkiv, située dans le nord-est, non loin de la frontière russe, a de son côté été la cible d’« au moins quatre frappes », selon le gouverneur Oleg Synegoubov.

Au total, cinq personnes ont été tuées et 130 blessées dans ces bombardements en Ukraine mardi, ont indiqué les services de secours.

Après les attaques russes matinales, l’armée ukrainienne a, selon le ministère russe de la Défense, tiré à la mi-journée plusieurs salves de missiles sur la région russe frontalière de Belgorod.

Ce bombardement ukrainien a fait un mort et onze blessés et endommagé des immeubles et maisons d’habitation, selon le gouverneur régional Viatcheslav Gladkov.

Kyiv demande « plus » d’armes

La nouvelle série de frappes russes intervient au lendemain de la menace agitée par Vladimir Poutine d’« intensifier » ses bombardements, en représailles d’une attaque sur Belgorod samedi (25 morts), qui elle-même faisait suite à une série de frappes sur l’Ukraine un jour plus tôt (une quarantaine de morts).

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Des pompiers tentent d’éteindre un incendie après une attaque russe à Kyiv.

Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a réclamé d’urgence l’accélération des livraisons occidentales de « systèmes de défense antiaérienne supplémentaires, de drones de combat » et de « missiles d’une portée de plus de 300 kilomètres ».

Aux États-Unis, le principal soutien de l’Ukraine, les négociations patinent depuis des semaines entre Républicains et Démocrates sur la validation de l’enveloppe de 61 milliards réclamée avec insistance par les présidents américain Joe Biden et ukrainien Volodymyr Zelensky.

« Nous avons besoin de plus de systèmes [de défense antiaérienne] et de munitions », a insisté le commandant en chef de l’armée ukrainienne Valery Zaloujny.  

« Il est urgent et crucial de soutenir l’Ukraine maintenant, pour arrêter Poutine », a lancé sur X l’ambassadrice américaine en Ukraine, Bridget Brink.

Dans un communiqué, la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour l’Ukraine, Denise Brown, avait quant à elle jugé « alarmantes » les frappes russes qui laissent des centaines de milliers d’Ukrainiens « sans électricité [et] sans eau », à un moment où les températures sont négatives en Ukraine.

Or, près de deux ans après le début de son invasion, la Russie semble déterminée à accroître ses attaques, un moyen notamment de forcer Kyiv, qui manque de munitions, à utiliser les armes livrées par les Occidentaux.