(Kyiv) La Russie a mené vendredi une vaste série de frappes sur plusieurs villes d’Ukraine, dont la capitale Kyiv, avec « un nombre record de missiles », qui ont fait, selon les autorités ukrainiennes, au moins 30 morts et plus de 160 blessés.

Le secrétaire général de l’ONU s’est élevé contre ce qu’il a qualifié « d’attaques effroyables » contre des villes et des villages. La Pologne, pays membre de l’OTAN, a elle dénoncé vendredi une « violation » de son espace aérien « par un missile de croisière », appelant la Russie à « cesser immédiatement de genre d’opération ».

« La Russie a utilisé presque tous les types d’armes de son arsenal », a déclaré le président Volodymyr Zelensky, sur le réseau social X (ex-Twitter).

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky

Selon l’état-major ukrainien, la Russie a tiré près de 160 engins, dont des missiles de croisière et des drones explosifs Shahed. La défense antiaérienne est parvenue à abattre 88 missiles et 27 drones.

« Il s’agit de l’attaque de missiles la plus massive », à l’exclusion des premiers jours de la guerre, a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’armée de l’air, Iouri Ignat.

Les frappes ont touché des infrastructures essentielles, des installations industrielles, militaires et civiles, a précisé l’état-major dans un rapport.

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Des gens se mettent aux abris dans le métro de Kyiv.

Les autorités russes ont pour leur part indiqué qu’une frappe ukrainienne sur un immeuble résidentiel de Belgorod, ville russe située à 80 km au nord de Kharkiv, avait fait un mort et quatre blessés.

Au total, 13 missiles ukrainiens ont été interceptés au-dessus de la région de Belgorod et 32 drones neutralisés dans les secteurs de Briansk, Koursk et Orel, au nord de la frontière ukrainienne, ainsi que de Moscou, selon le ministère russe de la Défense.

Appel au Congrès

La vague de frappes russes vient clore une année difficile pour l’Ukraine, marquée par l’échec de sa contre-offensive estivale et une reprise d’initiative des forces de Moscou, qui ont revendiqué cette semaine la prise de la ville de Marinka sur le front est.

Elles interviennent aussi dans un contexte d’essoufflement de l’aide occidentale à Kyiv, tant en Europe qu’aux États-Unis, menaçant le pays de manquer de munitions et de fonds.

« Le monde doit voir que nous avons besoin de plus d’aide et de moyens pour arrêter cette terreur », a plaidé sur Telegram Andriï Iermak, le chef de cabinet de M. Zelensky.

Un propos repris par le président américain Joe Biden, qui a appelé le Congrès, qui refuse pour l’heure d’allouer plus d’argent à Kyiv, à « agir sans plus attendre » après ces « bombardements massifs ».

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Le président des États-Unis Joe Biden

« À moins que le Congrès ne prenne des mesures urgentes au cours de la nouvelle année, nous ne serons pas en mesure de continuer à envoyer les armes et les systèmes de défense antiaérienne, indispensables à l’Ukraine pour protéger son peuple », a-t-il averti.

Volodymyr Zelensky a exhorté une nouvelle fois jeudi les États-Unis à maintenir leur assistance « essentielle », après le déblocage d’une nouvelle tranche de 250 millions de dollars (225 millions d’euros), la dernière sans un nouveau vote au Congrès américain, qui refuse pour l’instant d’allouer davantage.

Le premier ministre britannique Rishi Sunak, dont le pays a annoncé vendredi l’envoi à l’Ukraine d’environ 200 missiles antiaériens pour renforcer ses défenses, a estimé que ces frappes démontraient que Vladimir Poutine « ne reculera devant rien ». La France a condamné une « stratégie de terreur ».

Le premier ministre hongrois Viktor Orban a lui mis son veto à une nouvelle enveloppe d’aide de l’UE, un problème que les Européens espèrent régler lors d’un sommet début février 2024.

« Frappes lâches »

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Un pompier tente d’éteindre un brasier à Kharkiv en Ukraine.

Dénonçant des « frappes lâches », le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a promis que l’UE se tiendrait « aux côtés de l’Ukraine, aussi longtemps qu’il le faudra ».

« À l’heure actuelle, 30 personnes ont été tuées et plus de 160 blessées à la suite de l’attaque massive de la Russie sur le territoire ukrainien dans la matinée », a indiqué sur Telegram le ministre de l’Intérieur Igor Klymenko.

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Des pompiers tentent d’éteindre un feu qui a été déclenché par une frappe russe à Dnipro.

La Russie s’est limitée à indiquer dans son breffage quotidien que « toutes les cibles » avaient été « atteintes ».

Elle a affirmé avoir visé lors de plus de 50 frappes, dont une « d’envergure » en Ukraine entre le 23 et 29 décembre, des infrastructures militaires, dépôts de munitions et lieux de déploiement des soldats ukrainiens.

À Kyiv, un hangar de 3000 m2 a été la proie des flammes dans le quartier de Podil. Une station de métro utilisée comme abri antiaérien a été endommagée, ainsi que plusieurs immeubles d’habitations et des hangars.

Une maternité de Dnipro a aussi été « gravement endommagée », mais sans victimes, selon le ministère de la Santé.

Missile en Pologne

La Pologne a convoqué le chargé d’affaires russe en Pologne pour lui remettre une note exigeant « d’expliquer l’incident de violation de l’espace aérien de la République de Pologne par un missile de croisière et de cesser immédiatement ce genre d’opérations ».

En novembre 2022, un missile ukrainien était tombé sur le village polonais de Przewodow, près de l’Ukraine, tuant deux civils et suscitant brièvement les craintes d’une extension du conflit.

Dans la soirée, le président Zelensky a annoncé s’être rendu à Avdiïvka, cité industrielle de l’Est que les troupes russes tentent d’encercler depuis des mois. Il y a remis des décorations à des soldats et évoqué leurs besoins pour continuer à défendre la ville.