(Meaux) Un père de famille de 33 ans, soupçonné d’avoir tué le soir de Noël sa femme et leurs quatre enfants à leur domicile non loin de Paris « dans une scène de crime d’une très grande violence », a été interpellé mardi près des lieux du crime et souffre de troubles psychiatriques.  

Vers 21 h lundi, les forces de l’ordre sont intervenues au domicile de cette famille, au rez-de-chaussée d’un immeuble d’habitation, alertées par des proches des victimes, a relaté mardi le procureur de Meaux (40 km à l’est de Paris) Jean-Baptiste Bladier, devant la presse.

Des traces de sang étaient visibles sur le palier. À l’intérieur, sur la « scène de crime, d’une très grande violence », cinq cadavres étaient découverts : ceux de la mère âgée de 35 ans et des quatre jeunes enfants, une fillette de 10 ans, une seconde de sept ans, un garçon de quatre ans et un nourrisson de neuf mois, a expliqué M. Bladier.

« La maman et les deux fillettes avaient été victimes d’un très grand nombre de coups de couteaux » impossible à compter, a-t-il précisé. Aucune trace apparente de plaie n’a été retrouvée sur les garçons, pour lesquels l’hypothèse de l’étouffement ou de la noyade est envisagée. Les autopsies auront lieu mercredi à Paris.

D’après une source policière, confirmée par le procureur, un important travail d’analyse des images de vidéosurveillance a permis de remonter au suspect.

PHOTO ALAIN JOCARD, AGENCE FRANCE-PRESSE

Interpellé à Sevran (banlieue de Paris) chez son père, le mis en cause, de nationalité française, a indiqué « savoir pourquoi il était en garde à vue, a évoqué son mal-être personnel et sa dépression », d’après le procureur.  

Depuis 2017, il est suivi pour troubles dépressifs et psychotiques. Des ordonnances prescrivant des tranquillisants ont été retrouvées au domicile.

Les prémices de l’enquête ont fait remonter des faits de violences antérieurs chez ce couple formé il y a 14 ans et marié en octobre 2023. Le casier judiciaire de l’homme est « dépourvu de tout antécédent », a souligné le procureur.

En novembre 2019, le père avait porté un coup de couteau à son épouse à l’omoplate, alors qu’elle était à un mois et demi de son accouchement. La victime, née en Haïti, avait refusé de porter plainte et n’avait pas souhaité l’assistance d’une association d’aide aux victimes de violences.  

Une enquête avait été ouverte et le conjoint placé en garde à vue avant d’être hospitalisé en psychiatrie. Il avait affirmé n’avoir pas voulu faire de mal à son épouse qu’il aimait : le « coup de couteau est parti tout seul », avait-il déclaré, a rapporté le procureur.  

La procédure avait été classée sans suite au motif d’état mental déficient, a précisé M. Bladier. Une expertise avait attesté de l’existence de l’abolition du discernement chez l’homme, suivi depuis 2017 pour troubles dépressifs et psychotiques.

La mère de famille était « une très bonne personne, connue de tous, très joviale. Elle vivait pour sa famille. Monsieur ne travaillait pas, c’est elle qui faisait vivre la famille », a assuré à la presse Nadine Coulibaly, se présentant comme l’amie et la voisine ayant alerté les forces de l’ordre.

En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France : 118 femmes ont été tuées l’an dernier par leur conjoint ou leur ex-conjoint.  

Et l’actualité récente a été marquée par deux triples infanticides perpétrés par des pères en Île-de-France.