(Kyiv) L’Ukraine a annoncé mercredi avoir essuyé une nouvelle attaque nocturne de la Russie avec 48 drones Shahed de fabrication iranienne.

« Au total 48 drones Shahed 136/131 ont été lancés », dont 41 ont été détruits par les défenses antiaériennes, a indiqué l’armée de l’air ukrainienne sur la messagerie Telegram.

La Russie lance quasiment toutes les nuits des attaques de drones et de missiles contre l’Ukraine.

Kyiv accuse le Kremlin de chercher à terroriser la population civile ainsi et à détruire ses infrastructures énergétiques pour, comme l’hiver dernier, plonger la population dans le noir et le froid.

Kyiv a depuis renforcé ses systèmes de défense aérienne avec des armes occidentales qui permettent de détruire jusque-là la majorité des drones explosifs ou missiles envoyés par la Russie.  

À la même époque l’hiver dernier, des millions de personnes avaient déjà été privées de courant en pleine vague de froid, ce que l’Ukraine veut à tout prix éviter cette année.

L’Ukraine revendique l’assassinat d’un ex-député prorusse retrouvé mort à Moscou

Le corps sans vie d’un homme politique ukrainien prorusse a été retrouvé mercredi près de Moscou, résultat d’une « opération spéciale » des services spéciaux de Kyiv visant à « liquider » un « traître », selon une source au sein du secteur de la Défense ukrainienne.

Le cadavre d’Illia Kyva a été retrouvé avec « une blessure à la tête » dans un hôtel du district d’Odintsovo, près de Moscou, ont indiqué les agences de presse russes, citant les autorités locales.

« La liquidation du principal traître, collaborateur et propagandiste Illia Kyva était une opération spéciale du SBU », les services de sécurité ukrainiens, a indiqué peu après à l’AFP une source ayant connaissance de leurs activités.

Il a été tué « à l’aide d’armes légères », a-t-elle précisé.

Député de 2019 à 2022 de la Rada, le Parlement ukrainien, Illia Kyva a un temps dirigé le Parti socialiste d’Ukraine et a été membre de la Plateforme d’opposition – Pour la vie –, deux partis bannis en mars 2022 par le président Volodymyr Zelensky pour leurs liens supposés avec la Russie.

Il avait été démis de son mandat de député en mars 2022 après des commentaires favorables à la Russie peu après l’invasion de l’Ukraine. Il avait notamment déclaré que « le peuple ukrainien doit être libéré » et que les « Ukrainiens, Bélarusses et Russes ne forment qu’un seul et même peuple ».

En novembre, Illia Kyva avait été condamné par contumace par un tribunal ukrainien à 14 ans de prison pour « haute trahison ».

Andriï Ioussov, porte-parole du renseignement militaire ukrainien (GUR), a « confirmé » à la télévision la mort de l’ancien député.

« D’autres traîtres à l’Ukraine connaîtront le même sort », a-t-il prévenu. « Nous ne pouvons que constater que la justice revêt diverses formes. »

Un peu plus tôt, le Comité d’enquête russe avait annoncé la mort d’un responsable de l’occupation russe dans l’Est de l’Ukraine, tué dans l’explosion d’un « engin non identifié » placé dans une voiture à Louhansk, bastion des prorusses depuis 2014.

Selon le média local Lug-info, Oleg Popov, âgé de 51 ans, était un entrepreneur ayant rejoint les séparatistes prorusses après le début de leur conflit avec Kyiv en 2014. Il avait notamment dirigé en tant que député un comité du Parlement formé par les séparatistes de Louhansk responsables des questions de sécurité et de défense, selon cette source.

Le Comité d’enquête russe a diffusé des images montrant une voiture détruite et carbonisée, entourée d’enquêteurs au travail.

Un autre responsable de l’occupation russe à Louhansk, Denis Mirochnitchenko, a exprimé ses « condoléances ».

Oleg Popov « soutenait de tout cœur le destin de la patrie », a-t-il dit, selon un communiqué publié sur Telegram.

Des attaques, parfois mortelles, ont régulièrement lieu dans les quatre territoires ukrainiens dont Moscou revendique l’annexion (Donetsk, Louhansk, Kherson, Zaporijjia), visant des responsables de l’administration d’occupation russe.

Quatre membres des forces russes en Ukraine poursuivis aux États-Unis pour crimes de guerre

Quatre membres des forces russes en Ukraine sont inculpés aux États-Unis pour crimes de guerre contre un citoyen américain, les premières poursuites lancées en vertu d’une loi américaine de 1996, ont annoncé mercredi les autorités judiciaires.

« Le ministère de la Justice a engagé les toutes premières poursuites en vertu de la loi américaine sur les crimes de guerre contre quatre membres des forces militaires affiliées à la Russie pour des crimes odieux contre un citoyen américain » en Ukraine, a déclaré le procureur général Merrick Garland.

Il s’exprimait lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, et le directeur de la police fédérale américaine (FBI), Christopher Wray.

Selon l’acte d’accusation émis mardi, les faits présumés se sont déroulés en avril 2022 dans la région de Kherson, dans le sud de l’Ukraine.

Les quatre membres des forces russes ou séparatistes pro-Moscou, désignés nommément, mais par leur seul prénom pour deux d’entre eux, ont enlevé la victime, un civil non identifié, dans le village de Mylove et l’ont détenue pendant dix jours, selon les mêmes sources.

Au cours de cette détention, les quatre prévenus l’ont soumis à des interrogatoires, « torturé, menacé d’agression sexuelle et d’exécution », allant même jusqu’à mener un simulacre d’exécution, a énuméré M. Garland.

Ils sont visés par trois chefs d’accusation de crime de guerre : détention illégale, torture et traitement inhumain, et encourent la prison à perpétuité s’ils sont arrêtés par les États-Unis.

« Ces poursuites traduisent le fait que les actes présumés des prévenus sont non seulement de graves violations de la Convention de Genève, relative à la protection des civils en temps de guerre, mais aussi des violations de la loi américaine », a souligné la procureure fédérale Jessica Aber, en charge du dossier.

Des agents du département de la Sécurité intérieure ont voyagé en août 2022 « pour parler avec un citoyen américain qui avait été récemment évacué d’Ukraine, où il vivait avec sa femme », a expliqué M. Mayorkas, sans préciser dans quel pays ce témoignage a été recueilli.

Ces inculpations « sont un pas important pour faire rendre des comptes au régime russe pour sa guerre illégale. Notre tâche est loin d’être terminée », a assuré M. Garland, évoquant « d’autres » poursuites à venir.

Le département américain de la Justice a effectué une visite surprise en mars en Ukraine, où il a participé à une conférence sur la justice et les crimes de guerre.